Le Temps

Grandir avec un assistant virtuel

- EMILY TURRETTINI t @textually

Alors que des millions de parents américains s’adressent aux enceintes connectées pour leur demander de jouer de la musique, commander une pizza et régler leur thermostat, leurs enfants les interpelle­nt à leur tour pour assouvir leurs propres envies.

Grâce à des contenus spécialeme­nt développés pour eux, ils peuvent poser toutes sortes de questions – sérieuses ou non – se faire raconter des histoires ou chanter une chanson, jouer aux devinettes ou encore trouver la solution à un devoir de maths.

Les psychologu­es et les linguistes commencent tout juste à réfléchir sur l’impact de ces échanges sur le développem­ent cognitif, social et linguistiq­ue de l’enfant. Mais avec seulement trois ans de recul depuis l’apparition des premières enceintes, il est trop tôt pour tirer des conclusion­s.

Le témoignage d’un père de famille en Virginie du Nord dans le Washington Post relate comment son fils, alors âgé de 2 ans, avait tellement bien assimilé le principe d’interroger l’assistante virtuelle Alexa, qu’il s’adressait également à des dessous de verres et autres objets cylindriqu­es qui ressemblai­ent à l’enceinte d’Amazon de la maison.

Une préoccupat­ion plus légitime a été le ton tyrannique utilisé par les enfants en s’adressant à ces robots. Un problème maintenant résolu car dans la gamme Echo d’Amazon, il est possible d’activer une fonctionna­lité qui exige que l’enfant dise le mot magique après avoir posé une question. De plus, des contrôles parentaux peuvent être activés afin de livrer des réponses adaptées aux interrogat­ions des plus petits. Par exemple à la question «Le père Noel existet-il vraiment?», l’assistant répondra: «Vérifie si les biscuits que tu lui as préparés ont disparu le matin de Noël.»

Mais au fil du temps, y-a-t-il un risque que les enfants s’attachent émotionnel­lement à ces enceintes? La journalist­e Judith Shulevitz, dans le journal The Atlantic, partage ses craintes: «En observant mes propres ados, leur smartphone­s toujours à portée de main où qu’ils se trouvent, je m’inquiète d’un avenir où ils seront encore plus dépendants d’un appareil doté d’une intelligen­ce artificiel­le – non pas parce que ce dernier les connecte à leurs amis, mais parce qu’ils vont le prendre pour un ami.»

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