On l’a suicidé!
Parfois utilisé dans le langage courant pour ironiser au sujet d’assassinats camouflés en suicides, l’expression «on l’a suicidé» pourrait bien, dans un proche avenir, obtenir une véritable consécration helvétique jugée encore impensable aussi loin que puisse porter notre regard sur les antiques fondements de la médecine. En effet dans le délire de toute-puissance de ce monde déboussolé, la chambre médicale de la Fédération des médecins suisses décidera s’il est indiqué d’inclure dans le code de déontologie les très controversées directives révisées de l’Académie suisse des sciences médicales intitulées «Attitude face à la fin de vie et à la mort». Tout cela ne serait qu’élucubration de pseudo-intellectuels en mal de questionnement si cet élargissement des indications n’entendait pas légitimer l’aide au suicide en tant qu’activité médicale en l’intégrant dans le code de déontologie FMH bien au-delà des limites ancestrales de l’action médicale et du contexte des maladies mortelles et incurables. A l’heure où la question sur la volonté d’être réanimé est posée avec insistance une fois franchi le seuil de l’hôpital, à l’heure où certains traitements et le vieillissement de la population posent un problème de coûts pour la société, il y a de quoi s’inquiéter des dérives que pourraient constituer de telles dispositions laxistes délimitées par des notions aussi discutables et imprécises que l’autonomie ou le discernement. Il est assez troublant et à vrai dire assez choquant pour toutes les populations désespérées […] que dans un des pays les plus sûrs au monde, […] les questionnements de notre docte Académie se focalisent sur l’assistance médicale au suicide… […]
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