Amazon, sans complexe
C’est une question à 10 milliards de dollars et même une question éthique à 10 milliards de dollars. En tant que géant américain de la technologie, est-il juste de travailler pour le Pentagone, soit le Département de la défense? D’ici à quelques semaines, celui-ci devrait attribuer, a priori à une seule firme, un contrat majeur pour son infrastructure cloud (informatique en nuage). D’une valeur de 10 milliards, cette affaire fait saliver. Mais aussi réfléchir.
La semaine passée, Jeff Bezos, directeur d’Amazon, a été clair: oui, il participera à cet appel d’offres. Pour lui, il est «nécessaire que les grandes entreprises technologiques et le gouvernement coopèrent sur des questions de défense, [sinon] le pays sera en danger». Aucun état d’âme, aucune réserve sur des actions du Pentagone qui pourraient être contraires à une certaine éthique. Numéro un mondial du cloud, Amazon entend bien le rester.
En face, Google a déjà pris sa décision. Il ne participera pas à cet appel d’offres, car cela risquerait de le mettre en contradiction avec ses principes éthiques, notamment dans l’intelligence artificielle. Plusieurs milliers de ses employés avaient déjà réclamé cette année de ne pas participer à ce qu’ils appelaient «le commerce de guerre». Il sera intéressant de voir si des employés d’Amazon se mobiliseront eux aussi à ce sujet ces prochains jours.
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