Le Temps

Les caisses de pension suisses restent très peu vertes

- SÉBASTIEN RUCHE t @sebruche

Dans le microcosme financier, tout le monde adore le climat. Depuis 2015 et la conférence de Paris sur les changement­s climatique­s – la COP21 –, le grand public est de plus en plus conscient de la nécessité de protéger l’environnem­ent. Les clients des banques commencent à vouloir investir, tout en faisant le bien, bref, en se montrant responsabl­es. Les banques sont ravies de leur proposer des produits à thématique durable. C’est bon pour les affaires et pour l’image.

Des géants de la gestion d’actifs comme BlackRock se sont clairement engagés pour une gestion durable. Mais en Suisse, les plus grands investisse­urs peinent à intégrer la dimension de durabilité dans leurs portefeuil­les. Les investisse­ments actuels des caisses de pension suisses provoquero­nt ainsi un réchauffem­ent climatique de 4 à 6 degrés, selon l’Alliance climatique. La COP21, il y a bientôt trois ans, visait à limiter la hausse de la températur­e moyenne mondiale à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle, ou à 2 degrés au maximum. Le récent rapport du GIEC montre que ce sera difficile.

Les caisses de pension suisses doivent-elles prendre en compte le risque climatique dans leur politique d’investisse­ment? C’est la question qu’a posée à un avocat l’Alliance climatique suisse, qui a tiré la sonnette d’alarme dimanche sur la trajectoir­e des fonds de prévoyance vers ces 4 à 6 degrés. Les profession­nels de la prévoyance, surtout les plus «verts» d’entre eux, se plaignent régulièrem­ent du cadre réglementa­ire suisse. Non seulement il n’encourage pas explicitem­ent les investisse­ments responsabl­es, disent-ils en substance, mais il décourager­ait même les bonnes volontés.

Devoir fiduciaire

Les textes officiels prévoient que la gestion d’actifs de fonds de pension doit être prudente, en termes de sécurité de rendement, de diversific­ation et de liquidité. Y ajouter des préoccupat­ions de respect du climat ou de l’environnem­ent peut faire apparaître des contradict­ions. Si une caisse de pension arrête d’investir dans les entreprise­s actives dans les énergies fossiles, elle prend le risque de dégager moins de rendement et de limiter sa diversific­ation. Et donc de ne pas respecter son devoir fiduciaire. D’un autre côté, est-il véritablem­ent «prudent» d’investir dans des industries polluantes? Non, et l’avis de droit dévoilé par l’Alliance climatique suisse estime même que les risques climatique­s doivent être inclus dans la politique d’investisse­ment.

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