RACONTE-MOI UNE HISTOIRE… DES IMAGES
Les adultes ont eu leur opus l’année dernière, voici «Une histoire des images pour les enfants», mais nul doute qu’elle passionnera toutes les générations
Il y a la forme, tout d’abord, enthousiasmante: l’ouvrage se présente en effet comme une discussion savante et décontractée entre David Hockney, artiste mondialement connu, et Martin Gayford, critique d’art émérite.
Leur sujet? L’image, les images, celles d’hier et d’aujourd’hui, celles que cachent et révèlent les musées, celles des salles obscures et des écrans mobiles. Ici, il n’y a pas de chronologie (mais on en trouvera une, ainsi qu’un glossaire, un index et une liste des oeuvres présentées à la fin du volume), juste un enchaînement de réflexions: par exemple sur la nature des traits, les défis et les astuces des artistes, l’apport de la technologie.
Une image, développent les auteurs, c’est un éclairage, des ombres, un point de vue. C’est une façon de raconter une histoire, l’appropriation d’un espace. Alors le fameux Nighthawks d’Hopper entre en dialogue avec la non moins fameuse Cène de Léonard de Vinci pour illustrer la notion de «narration» dans l’image peinte; de la même manière sont mis en relation Les époux Arnolfini de Van Eyck et M. et Mme Clark et Percy de David Hockney, et ce sont la représentation des objets du quotidien et leur valeur testimoniale à travers le temps qui sont interrogées.
PASSION PARTAGÉE EN TERMES ACCESSIBLES
Si cette conversation au sommet est captivante, elle n’est en aucun cas excluante. La passion des deux hommes s’exprime en des termes accessibles et s’illustre par des exemples variés, tirés aussi bien du divertissement populaire que des plus grands musées. Elle s’achève sur le défi beaucoup plus récent que représente le partage, instantané et à l’échelle mondiale, des images dont tout un chacun désormais est l’auteur.
Si la composante «histoire de l’art» de l’ouvrage est captivante, l’immense valeur ajoutée vient du fait qu’Hockney s’exprime toujours en tant que peintre, admirateur de ses prédécesseurs, curieux de ses contemporains, avide d’éprouver et de comprendre: camera obscura, photographie, collages, films, animation, ce touche-à-tout livre ses propres expériences et éclaire le lecteur sans hiérarchisation, sans a priori. Illustrer un tel ouvrage, s’immiscer entre les oeuvres reproduites relevaient du défi, Rose Blake l’a fait avec beaucoup d’humour et de fraîcheur.
«L’histoire des images commence dans les grottes et s’achève, pour le moment, avec un iPad. Qui sait où elle ira ensuite?»