Le Temps

Le rôle majeur de l’EPFL démontré par son président, Martin Vetterli

- MARTIN VETTERLI PRÉSIDENT DE L’EPFL

Il y a un mois, nous avons fêté la cuvée 2018 des diplômés de l’EPFL. En tout, 1043 diplômées et diplômés couvrant l’architectu­re, les sciences de base, de la vie et de l’ingénieur, qui nourriront notre société et notre économie. Elles ou ils iront dans une PME, ou une grande entreprise, fonderont une start-up, ou deviendron­t chercheurs ou artistes.

Parmi ses consoeurs, en Suisse et de par le monde, l’EPFL est une adolescent­e, elle fêtera ses 50 ans l’année prochaine. En plus d’être jeune, l’EPFL se positionne sur un créneau particulie­r. Elle n’est pas une université humboldtie­nne, elle n’est plus une école d’ingénieurs classique, mais bien un institute

of technology travaillan­t à l’intersecti­on des sciences et des technologi­es qui transforme­nt le monde. Ceci est une opportunit­é et une responsabi­lité dont nous prenons la pleine mesure.

L’EPFL participe, avec les Université­s de Lausanne et Genève, à l’essor d’une région très dynamique. Les statistiqu­es officielle­s montrent que si l’Arc lémanique compte 19% de la population et 18% du produit intérieur brut suisse, ses start-up lèvent 49% du capital-risque suisse et ses université­s contribuen­t à plus de 34% de la production scientifiq­ue nationale. Au-delà de la production, l’impact de son activité académique est à la hauteur: ces dix dernières années, notre région a levé autant de bourses du Conseil européen de la recherche que l’agglomérat­ion zurichoise, et cela avec un financemen­t de base moindre.

Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Les acteurs académique­s et politiques de la Suisse romande ont su faire les réformes nécessaire­s, monter des collaborat­ions clés et gérer intelligem­ment leurs ressources sans se disperser.

L’EPFL, comme seule haute école fédérale de Suisse occidental­e, y joue un rôle moteur. Rappelons qu’elle a créé un parc de l’innovation sur son campus il y a vingt-cinq ans déjà, qu’elle a importé une culture nord-américaine d’université de recherche dès les années 1990, et qu’elle s’est muée en profondeur ces vingt dernières années, sous l’impulsion de mes prédécesse­urs, dont je salue ici l’action.

Ce rôle, elle le joue en bonne connivence avec son environnem­ent. Elle le démontre par sa volonté de collaborat­ion, entre autres avec les institutio­ns de la région. Je prends quelques exemples pour étayer mon propos: avec le CHUV et l’Unil, nous renforçons la recherche sur le cancer en faisait collaborer la clinique avec l’ingénierie au sein du centre Agora; avec sept hôpitaux et université­s à Genève, Lausanne et Berne, nous mutualison­s nos ressources dans l’initiative H2030 pour faire de la Suisse occidental­e un leader dans la médecine personnali­sée. Notre centre Learn d’innovation dans l’enseigneme­nt collabore étroitemen­t avec plusieurs cantons, dont Vaud et le Valais, pour renforcer le numérique dans la formation primaire, secondaire et profession­nelle. Enfin, dans des domaines clés comme la science des données et la sécurité informatiq­ue, nous avons lancé des centres de recherche et des programmes de formation avec nos partenaire­s naturels.

Ce rôle, l’EPFL le joue aussi par sa contributi­on à un écosystème unique, par l’émergence d’un hub d’innovation et de technologi­e autour de son campus principal à Lausanne mais aussi à Fribourg, Neuchâtel, en Valais et à Genève. Avec une recette identique: permettre l’éclosion et le développem­ent de start-up innovantes et de collaborat­ions industriel­les.

Bien des synergies sont encore à développer, et l’EPFL s’attelle à les réaliser. Sont en discussion des collaborat­ions dans des domaines à l’intersecti­on de l’économie, du management et de la technologi­e, ou des sciences fondamenta­les, incluant l’informatiq­ue théorique, science clé du XXIe siècle pour la révolution de l’intelligen­ce artificiel­le.

Pour réaliser son plein potentiel, la région a besoin du soutien de tous les acteurs; c’est ensemble et grâce à nos collaborat­ions que nous pouvons renforcer notre impact. Mais cela doit aussi passer par une certaine prise de conscience à Berne et au-delà, car comme pour l’EPFL, le destin des sciences et des technologi­es en Suisse occidental­e ne se joue pas au bord du Léman mais bien sur les rives de l’Aar, voire de la Limmat. Car la Suisse, même la Suisse alémanique, a besoin de cette région remuante, innovante, parfois un peu agaçante, mais tellement nécessaire!

L’EPFL a importé une culture nord-américaine d’université de recherche dès les années 1990

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