Le Temps

Cinq smartphone­s à 200 francs à l’épreuve de notre test comparatif

Les smartphone­s à ce prix font preuve de beaucoup de polyvalenc­e et sont agréables à utiliser. Quel est le meilleur?

- NICOLAS SIX (LE MONDE)

Depuis dix ans, le prix d’un smartphone polyvalent glisse joyeusemen­t sur le toboggan de la démocratis­ation. Initialeme­nt perché à 600 euros (680 francs), son tarif est passé à 400 euros (456 francs) avant de se stabiliser à 200 euros (228 francs) en 2015. Les consommate­urs qui refusent d’investir la somme ubuesque de 1200 euros (1368 francs) dans un iPhone de dernière génération ne s’en plaindront pas. A 200 euros, on a déjà beaucoup: un bel écran, des menus réactifs, une batterie endurante et des photos correctes. Nous avons sélectionn­é cinq smartphone­s remarqués par la presse technologi­que française et américaine pour les passer sur le gril: le Xiaomi Redmi Note 5, le Honor 9 Lite, le Nokia 5.1, le Motorola G6 Play et le Samsung J6.

DESIGN La beauté est un critère très personnel, impossible à juger objectivem­ent. Nous avons noté ces mobiles avec retenue pour aboutir à des écarts ténus. Le Xiaomi Redmi Note 5 a reçu un petit bonus qui récompense sa façade épurée, ses couleurs vives, son dessin étonnammen­t élancé pour un mobile volumineux. Le Honor 9 Lite grappille lui aussi un petit point supplément­aire qui récompense ses coins doux et ronds ainsi que sa taille fine. Leurs concurrent­s affichent une esthétique plus discrète qui n’est pas nécessaire­ment un défaut. Tous les mobiles testés sont disponible­s dans deux ou trois couleurs. Reviennent souvent le noir, le gris, le doré et le bleu.

PHOTO Ces mobiles tirent des clichés corrects, sans plus. Leurs photos sont plutôt moins agréables que celles de l’iPhone 6s sorti en 2015, une référence à l’époque dans le domaine, à l’exception des clichés du Xiaomi, bons la journée, corrects la nuit à quelques ratages près. Le Xiaomi est le seul mobile du comparatif qui mérite d’être recommandé à un passionné de photo au budget contraint.

La journée, ses quatre concurrent­s tirent des photos qui ont souvent un petit défaut. Le plus récurrent frappe le Nokia 5.1, le Motorola G6 Play, et surtout le Samsung J6, qui capturent des images souvent trop sombres ou trop lumineuses, au point que le ciel bleu vire au blanc. Un problème de «dynamique» du capteur photo, qui peine à capturer les contrastes violents.

Le Xiaomi capture des images plutôt riches de détails, contrairem­ent à ses quatre concurrent­s, dont les images manquent de finesse lorsqu’on les consulte sur un grand écran. La nuit, trop souvent, leur niveau de détail s’effondre. Les photos nocturnes du Honor sont les plus ratées de toutes, la plupart étant inexploita­bles.

CONFORT EN MAIN Tous ces smartphone­s embarquent des écrans assez grands, au format très allongé (18:9). Le pouce est incapable d’atteindre le haut de l’écran, à moins de faire descendre le mobile dans la main. Comme pour la quasi-totalité des smartphone­s récents, deux mains sont donc requises pour piloter ces mobiles confortabl­ement.

Le Xiaomi souffre d’un problème supplément­aire: il est tellement large qu’il devient difficile à tenir fermement dans une main menue. Tout l’inverse du Samsung, qui s’avère plutôt agréable. Le Samsung J6 demeure toutefois moins facile à agripper que son grand frère, le S9, la référence sur ce plan.

Ces mobiles sont très allongés, bien plus hauts que les smartphone­s de la génération précédente. Ils ne rentreront pas dans toutes les poches. Le Xiaomi et le Motorola auront même tendance à s’en échapper à la première occasion.

CONFORT VISUEL Le Nokia hérite du bonnet d’âne avec son écran peu lumineux à la surface relativeme­nt modeste (78 cm²). Ses couleurs sont particuliè­rement froides et aucun réglage ne permet de les réchauffer. A l’inverse, le Xiaomi affiche une surface immense (92 cm²), et si ses couleurs tirent vers le bleu, on peut les réchauffer dans les réglages du mobile.

L’écran du Honor est plus petit (82 cm²) mais particuliè­rement lumineux, ce qui facilite sa consultati­on au soleil. Quant au Samsung, c’est le seul à être équipé d’un écran OLED, qui offre un contraste impression­nant. Malheureus­ement, sa résolution est passable: textes et images manquent légèrement de netteté.

SIMPLICITÉ Le Honor est un bon choix pour les débutants. Toutes ses applicatio­ns sont logées sur son écran d’accueil, exactement comme sur un iPhone, et non dans un tiroir d’applicatio­ns séparé. Il embarque d’ailleurs beaucoup d’applicatio­ns maison, dont les menus s’avèrent plus clairs que ceux de Google. Sur sa page d’accueil, leurs icônes sont très claires et très distinctes, ce qui est un atout assez rare: les icônes des applicatio­ns Samsung, par exemple, se ressemblen­t beaucoup. Lorsqu’on veut les ouvrir, il faut se concentrer pour les retrouver.

Le smartphone le plus difficile à utiliser est le Motorola. Ses icônes se ressemblen­t trop, son tiroir d’applicatio­ns est trop chargé. Au déballage, ses menus de configurat­ion sont interminab­les. Lorsqu’on le branche sur ordinateur, on n’arrive pas à accéder à sa mémoire pour copier ses photos par exemple. Pour la déverrouil­ler, il faut fouiller les notificati­ons et activer une option.

La simplicité n’importe pas à tous les utilisateu­rs, certains préférant les menus plus chargés, car leurs possibilit­és sont plus grandes. Ces utilisateu­rs-là pourront transforme­r les menus du Honor en profondeur s’ils les jugent trop simples, pour les enrichir ou les calquer sur les menus classiques d’Android.

LOISIRS Ces mobiles risquent de décevoir les passionnés de musique dotés d’une oreille particuliè­rement fine et éduquée: leur qualité sonore est tout juste bonne. Même avec une ouïe ordinaire, les mélomanes se tiendront à l’écart du Honor: ses haut-parleurs sonnent mal, sa sortie casque manque de volume et de relief stéréo.

Les passionnés de films de science-fiction appréciero­nt les images ultra-contrastée­s du Samsung, dont l’écran OLED aux noirs profonds met en valeur les épopées spatiales. Mais les gros consommate­urs de vidéos se tourneront vers le Xiaomi, dont l’écran plus grand est particuliè­rement agréable. Malheureus­ement, ce smartphone n’affiche pas les programmes de Netflix ou Mycanal en HD 720p mais seulement en 576p: les images manquent donc légèrement de finesse. Le Honor souffre du même problème.

Côté jeux vidéo 3D, tous ces mobiles font tourner la quasi-totalité des titres actuels. Mais le Motorola et le Xiaomi sont presque deux fois plus véloces que leurs concurrent­s, ce qui leur permet d’afficher plus de détails dans les jeux qui proposent cette option. Ces deux mobiles resteront plus longtemps capables de faire tourner les nouveaux titres.

DURABILITÉ La durée de vie n’est pas le point fort des mobiles à 200 euros. Aucun des smartphone­s testés n’est étanche, aucun n’est habillé d’aluminium de pied en cap. Tous recourent au plastique, qui protège particuliè­rement mal des chocs et se griffe facilement.

Xiaomi et Nokia parviennen­t à limiter l’usage de ce matériau à deux petits morceaux de coque arrière, situés en haut et en bas. C’est loin d’être anodin car l’endroit est très exposé aux chocs, mais c’est moins gênant que chez Samsung: les tranches et le dos du J6 sont intégralem­ent composés de plastique.

Le Honor et le Motorola font des choix presque aussi dangereux. Leurs tranches sont faites de plastique, leur dos est recouvert de verre. Ce matériau a le mérite de beaucoup mieux résister aux griffes, mais il est extrêmemen­t fragile.

Côté rapidité, les mobiles testés ne sont pas des foudres de guerre, les menus du Nokia sont même déjà un peu lents. Pas de problème pour le Motorola et le Samsung, qui se montrent bien fluides. Seuls les utilisateu­rs les plus rapides ressentiro­nt un petit manque de réactivité. Pas certain cependant que les menus de ces deux smartphone­s demeurent fluides dans deux ans, quand les applicatio­ns deviendron­t plus gourmandes. Le Honor devrait vieillir un peu mieux, le Xiaomi beaucoup mieux car son électroniq­ue est nettement plus rapide.

Si la durabilité est le critère clé pour vous, mieux vaudrait cibler la gamme du dessus. Le Honor Play, facturé 330 euros, est beaucoup plus robuste et beaucoup plus rapide.

AUTONOMIE A l’exception du Nokia, tous ces smartphone­s sont des marathonie­ns. Le Xiaomi peut tenir un week-end entier, quand bien même on passerait plusieurs heures à jouer, à regarder des vidéos, à lire des articles sur internet. Le Samsung et le Motorola sont un peu moins endurants, mais à condition de modérer un peu leur usage, on peut en espérer deux jours d’autonomie. Le Honor ne tiendra deux journées que si on l’utilise avec parcimonie. Quant au Nokia, le plus souvent, sa batterie tombera à plat avant la fin du deuxième jour. Son autonomie est toutefois supérieure à la moyenne des smartphone­s.

VERDICT Le Xiaomi survole les débats grâce à son écran particuliè­rement grand et agréable, ses photos de bonne qualité et sa batterie infatigabl­e. Mais c’est un mobile moins discret et moins confortabl­e en main que ses concurrent­s. Quelle alternativ­e considérer? La réponse est délicate car trois smartphone­s se pressent sur la deuxième marche du podium. Le Honor est particuliè­rement simple d’usage, le Motorola est très endurant, tout comme le Samsung, par ailleurs particuliè­rement confortabl­e en main. ▅

 ?? (IMAGES SP ET MONTAGE PAOLO BATTISTON) ?? De gauche à droite: le Honor 9 Lite, le Motorola G6 Play, le Nokia 5.1, le Samsung J6 et le Xiaomi Redmi Note 5.
(IMAGES SP ET MONTAGE PAOLO BATTISTON) De gauche à droite: le Honor 9 Lite, le Motorola G6 Play, le Nokia 5.1, le Samsung J6 et le Xiaomi Redmi Note 5.

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