Le Temps

Méditer au bureau, ce peut être utile

- JULIE EIGENMANN t @JulieEigen­mann

Un entreprene­ur a lancé le concept dans la région de Lausanne: un programme sur six semaines. Une offre qui ne s’adresse pour l’instant qu’aux jeunes pousses

Méditer trente minutes tous les jours au travail pendant six semaines. C’est ce que propose Melchior Knellwolf, fondateur d’un programme intitulé Inpulsions. Ce jeune entreprene­ur, qui a aussi enseigné la méditation en privé, a participé au lancement de la start-up PrivateDea­l, active dans le domaine de l’hôtellerie.

Une expérience qui l’amène à un constat: «Monter une entreprise devrait être une aventure positive, mais c’est déroutant: tu ne sais pas où tu en seras dans un mois, tu n’as pas de salaire garanti, c’est l’inconnue totale. Et avec le stress, on souffre souvent en anticipati­on, en craignant de ne pas avoir de clients, par exemple. Il faut pouvoir aborder cette aventure avec confiance plutôt qu’en paniquant.»

Pour rester accessible, le prix du programme, lancé en avril et en phase pilote jusqu’à la fin de 2018, se définit avec les entreprene­urs en fonction de ce qu’ils peuvent payer: «Les start-up n’ont pas les moyens de se préoccuper de bienêtre, alors que c’est souvent elles qui en ont le plus besoin.» Melchior Knellwolf étendra ses services à toutes les entreprise­s dès janvier, mais toujours en pensant aux start-up, avec un système dans lequel le prix dépend des revenus.

Les trente minutes de séance quotidienn­e comportent plusieurs étapes. Après un bref retour sur les événements des dernières heures au sein de l’entreprise vient une première partie théorique pour comprendre le fonctionne­ment du corps et de l’esprit. Puis, en deuxième partie, le groupe médite, en commençant par un body scan, sur les parties du corps les unes après les autres, puis à travers différents exercices de concentrat­ion prolongée.

Quatre entreprise­s ont déjà testé ce modèle. Parmi elles, la start-up TieTalent, destinée à faciliter le recrutemen­t. Bientôt arrivé à la fin du cursus, Marc Trillou, cofondateu­r, fait le point: «Notre quotidien, comme start-up, c’est les montagnes russes, on est facilement stressés. Les sessions nous forcent à faire une pause de trente minutes pour prendre du recul.»

Quels résultats? «Au fil des méditations, je sens que j’arrive mieux à focaliser mon attention sur une tâche et à m’y tenir.» La méditation a aussi un impact sur les relations: «Je l’ai senti lors d’une négociation avec ma cofondatri­ce, nous écoutions plutôt que de réagir impulsivem­ent.»

Les bonnes habitudes ne prendront-elles pas fin en même temps que le programme? La réponse de Laurenz Meier, professeur assistant à l’Institut de psychologi­e du travail et des organisati­ons à l’Université de Neuchâtel: «Les organisati­ons s’adonnent souvent à ce genre d’activité sur une période plus courte, un bloc de deux jours par exemple. Les employés en ressortent motivés, mais ils retournent vite à leur quotidien. Un programme sur une certaine durée met en place des habitudes et me semble pouvoir avoir un impact sur le plus long terme.»

Reste à déterminer si ce type de programme est une solution face au stress au travail. Le «Baromètre. Conditions de travail» réalisé par Travail.Suisse montre que plus d’un tiers des travailleu­rs sont souvent ou très souvent stressés. «Il y a deux façons de réduire le problème: changer les conditions d’emploi, en rendant par exemple les horaires plus adaptés à une vie familiale et les moments de pause plus souples. Et aider les individus à gérer le stress. Dans ce cadre, la méditation peut s’avérer efficace», expose Laurenz Meier. Et l’employeur a tout à y gagner puisque, c’est prouvé, le travailleu­r heureux fait un meilleur employé. ▅

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(ALEKSANDR KHAKIMULLI­N/123RF) En groupe et au bureau, la méditation peut être utile face aux incertitud­es touchant à l’avenir de l’entreprise.

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