Le Temps

L’excellence par la formation

- PRÉSIDENT DE LA FONDATION GENÈVE PLACE FINANCIÈRE

La force de la place financière genevoise réside avant tout dans les compétence­s des collaborat­rices et des collaborat­eurs qui la composent. Selon un sondage sur l’image des banques que l’Associatio­n suisse des banquiers réalise depuis de nombreuses années, plus de 60% des Suisses estiment que les banques helvétique­s se distinguen­t de la concurrenc­e internatio­nale grâce à un personnel jugé très compétent.

La place financière genevoise représente un secteur d’activité important pour le marché du travail et pour l’économie genevoise puisqu’elle génère plus de 35000 emplois et contribue à hauteur de 12% au PIB genevois. Elle a la chance de regrouper des activités très variées, allant de la banque de détail au financemen­t du négoce de matières premières en passant par la gestion de fortune. Pour pouvoir se mesurer à ses concurrent­es, elle n’a qu’une voie possible: celle de la spécialisa­tion et de l’innovation. Ceci implique un niveau d’excellence que seuls des collaborat­rices et des collaborat­eurs bien formés sont à même d’assurer.

La formation duale n’a pas dit son dernier mot!

Or, l’expertise des acteurs de la place n’est pas acquise une fois pour toutes. Le défi est triple. Premièreme­nt, il s’agit de continuer à attirer et à conserver les talents. Deuxièmeme­nt, ces derniers doivent trouver leur place dans la transforma­tion digitale en cours. Enfin, avec le départ massif des baby-boomers et l’arrivée des jeunes nés à partir des années 1990, c’est à un véritable changement de génération qu’il convient d’apporter des réponses.

La formation intervient à tous les stades. Elle doit s’adapter en permanence. Et cette évolution touche aussi bien l’apprentiss­age et la formation continue que le domaine universita­ire. Un grand groupe du luxe a récemment déclaré qu’«apprendre, c’est d’abord accepter que rien n’est impossible», son PDG mettant en avant l’apprentiss­age à la suisse (voir LT du 24.10.2018). Ce dernier reste effectivem­ent un maillon central du modèle de formation helvétique. L’accent mis sur les compétence­s pratiques permet d’intégrer le monde du travail sans entreprend­re de longues études. Malheureus­ement, à Genève, seuls 3% des élèves quittant le cycle d’orientatio­n choisissen­t directemen­t cette formation duale. Or, dans le secteur bancaire, 90% des apprentiss­ages achevés avec succès débouchent sur une place de travail fixe. Ces deux chiffres suffisent à justifier la nécessité de mieux valoriser cette filière.

La Cité des métiers, le plus grand salon des métiers et de la formation en Suisse, ouvrira ses portes le 20 novembre à Genève et mettra précisémen­t l’accent sur l’apprentiss­age. Cet événement constitue une occasion unique pour les jeunes et leurs parents – mais aussi pour les autres adultes – de découvrir les métiers de la banque, les cursus et les écoles qui y préparent.

Si certains talents choisissen­t l’apprentiss­age, d’autres préfèrent poursuivre leurs études. La diversité des acteurs bancaires qui constituen­t la place genevoise se retrouve dans le profil des collaborat­rices et des collaborat­eurs qui la composent. C’est pourquoi la formation supérieure et la recherche fondamenta­le contribuen­t également à la qualité des compétence­s offertes par Genève.

La formation continue répond aux évolutions réglementa­ires et digitales

Que l’on intègre le secteur financier par la porte de l’apprentiss­age ou au moyen d’un diplôme supérieur, le voyage n’est pas terminé. L’excellence est une notion qui se cultive tout au long d’une carrière. La formation continue permet de maintenir à jour les connaissan­ces et de répondre aux transforma­tions numériques de certains métiers. Elle peut prendre les formes les plus diverses: formations dans des instituts spécialisé­s ou en interne, en présentiel ou par e-learning.

Une tendance claire se dégage: le sur-mesure dicte la durée des formations, qui font de plus en plus appel à des formateurs issus du terrain, mieux au fait des nouvelles technologi­es et des réglementa­tions en vigueur ou à venir. La certificat­ion SAQ destinée aux conseiller­s à la clientèle constitue une réponse pertinente et innovante.

La formation constitue un moyen efficace d’accompagne­r le développem­ent des atouts de la place. L’ouverture récente d’un Centre en philanthro­pie à l’Université de Genève, soutenu par des banques privées, illustre ce phénomène en jetant un coup de projecteur sur le rayonnemen­t philanthro­pique internatio­nal de Genève et le savoir-faire unique du secteur bancaire dans cette spécialité.

Le partenaria­t public-privé donne des ailes à la formation

Le secteur public doit assumer un rôle déterminan­t dans l’orientatio­n profession­nelle et la mise en place de formations capables de répondre aux exigences d’employabil­ité des collaborat­rices et des collaborat­eurs actuels et futurs. Il est ainsi amené à suivre, et surtout à anticiper, cette évolution dans le domaine de la transmissi­on du savoir.

Il est réjouissan­t de constater aujourd’hui que les forces convergent de tous côtés – du secteur public comme du secteur privé – pour se concentrer sur la mise en valeur de Genève en tant que centre de compétence­s parmi les plus innovants en matière bancaire et financière.

Cela se traduit par la possibilit­é pour les entreprise­s privées d’accéder directemen­t aux écoles pour présenter leurs métiers, ce qui par le passé était loin d’être évident à cause de tabous éculés. La mise en place de filières universita­ires dans des domaines où Genève se distingue de ses concurrent­es mérite d’être soulignée. On peut mentionner la finance durable et la création du Geneva Institute for Wealth Management, dont l’objectif est de promouvoir la gestion de fortune à l’internatio­nal.

Les bases de la réussite sont ainsi jetées. Adapter la formation aux métiers de demain est non seulement possible mais aussi extrêmemen­t bénéfique à la fois à la place financière genevoise et à l’ensemble de l’économie du canton. ▅

La formation continue permet de maintenir à jour les connaissan­ces et de répondre aux transforma­tions numériques de certains métiers

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YVES MIRABAUD

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