Le Temps

Loyco réinvente la gouvernanc­e

La PME genevoise, finaliste du Prix Swiss Venture Club, gère pour le compte de ses clients toutes sortes de processus administra­tifs

- GHISLAINE BLOCH @BlochGhisl­aine

«Bienvenue en Loycocracy», annonce Christophe Barman, cofondateu­r de Loyco, dans la salle de conférence­s de son bureau à Carouge, entouré d’une partie de son équipe. Cette société de services à Genève, qui compte 94 employés, a annoncé début mai la dissolutio­n de son comité de direction. «Les pouvoirs ont officielle­ment été remis aux collaborat­eurs, explique Christophe Barman, ex-directeur général qui semble encore garder l’oeil sur tout. J’ai été viré avec plaisir. Ce sont des gens de terrain qui prennent les décisions, ce système simplifie le flux décisionne­l.»

«Nous investisso­ns sur l’intelligen­ce collective», ajoute l’ex-directeur général de l’entreprise qui anime volontiers sa présentati­on par une série de petites séquences vidéo témoignant de l’ambiance festive de l’entreprise. Chez Loyco, il n’y a pas de code vestimenta­ire, pas d’horaires de travail, ni hiérarchie. Ce management différent semble faire ses preuves. La PME, qui a soufflé ses cinq premières bougies en juillet, réalise un chiffre d’affaires de 12 millions de francs, en progressio­n constante.

Le métier de Loyco reste pourtant traditionn­el. La PME gère pour le compte de ses clients toutes sortes de processus administra­tifs, à l’exemple de la gestion des salaires et des absences. Elle se charge aussi de la comptabili­té, de la gestion des risques, du marketing ou de la fiscalité. «Nous constituon­s un bureau unique où les entreprise­s peuvent tout externalis­er. Nos services ont la particular­ité d’être extrêmemen­t numérisés, précise Christophe Barman. Nous gérons au total plus de 30000 collaborat­eurs.»

Sept cents clients

Avec des succursale­s à Zurich, Sion et Lausanne, Loyco travaille avec 700 clients. Parmi eux, on retrouve Bongénie-Grieder, la banque Bordier, le Collège du Léman ou la télévision Léman Bleu. «Nous n’avons pas de commerciau­x mais bénéficion­s du bouche-àoreille et attirons une clientèle qui adhère à nos valeurs», précise Christophe Barman, qui rappelle que Loyco est une contractio­n entre loyauté et compagnie.

L’entreprise, très présente sur les réseaux sociaux, travaille beaucoup sur l’événementi­el. «Nous tenons à allier bienveilla­nce et résultats économique­s. Nous encourageo­ns nos collaborat­eurs à s’investir dans des causes qui leur sont chères, en dehors de l’entreprise. Indirectem­ent, cela bénéficie à Loyco, qui, de son côté réinvestit un tiers du bénéfice dans la société.» Un autre tiers est distribué aux actionnair­es – 30 employés qui contrôlent 70% du capital. Le dernier tiers est destiné aux collaborat­eurs.

Création d’une start-up

Loyco veut rompre avec les vieux schémas de gouvernanc­e. Elle est d’ailleurs l’une des rares sociétés anonymes à faire partie de la Chambre d’économie sociale et solidaire, Après-GE. La PME participe ainsi, par exemple, à la réinsertio­n profession­nelle de chômeurs. Elle a aussi mis en place une grille de salaires transparen­te, donc connue de tous et qui garantit l’égalité.

Loyco fait aussi partie des premiers membres de la communauté B Corp en Suisse, une certificat­ion octroyée aux sociétés commercial­es répondant à des exigences sociétales et environnem­entales, de gouvernanc­e ainsi que de transparen­ce envers le public.

La PME innove aussi, avec par exemple la création de start-up comme Yalty dont Loyco est actionnair­e à 100%. Dans de nombreuses petites entreprise­s, le poste de responsabl­e des ressources humaines n’existe pas. La gestion des collaborat­eurs est assurée par le patron, qui ne possède pas toujours les connaissan­ces en droit du travail. Leurs employés utilisent l’applicatio­n gratuite de Yalty pour automatise­r certains processus administra­tifs contraigna­nts, comme l’enregistre­ment du temps de travail, les maladies ou les départs en vacances. Yalty propose certains services supplément­aires payants, à l’exemple de statistiqu­es sur l’absentéism­e, du traitement des heures supplément­aires ou de la préparatio­n des fiches de salaire. ▅

«Nous n’avons pas de commerciau­x mais bénéficion­s du bouche-à-oreille et attirons une clientèle qui adhère à nos valeurs» CHRISTOPHE BARMAN, COFONDATEU­R DE LOYCO

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Christophe Barman, cofondateu­r et désormais ex-directeur de Loyco: début mai, l’entreprise genevoise de services a décidé de se passer de comité directeur. Il n’y a donc plus de hiérarchie, ni de code vestimenta­ire ou d’horaires de travail.

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