Le Temps

La redistribu­tion au profit des retraités serait un mythe

- EMMANUEL GARESSUS @garessus

Les études qui mettent en évidence les transferts des salariés actifs aux retraités souffrent d’une méthodolog­ie erronée, a indiqué Marc Fournier, expert auprès de Pittet & Associés, lors des Journées de la prévoyance, jeudi à Lausanne

Dans les milieux de la prévoyance, il y a une certitude: La redistribu­tion se fait au profit des retraités et au détriment des actifs. Jeudi, lors des Journées de la prévoyance, à Lausanne, Marc Fournier a brisé un tabou. Pour l'expert auprès de Pittet & Associés, ce jugement se base sur un méthodolog­ie douteuse.

Officielle­ment, la redistribu­tion atteint 7 milliards de francs par an, selon la Commission de haute surveillan­ce en se basant sur la période de 2014 à 2017. Le montant traduit la différence entre les intérêts crédités aux salariés (2,75%) et le taux technique des caisses de pension (2,2%). Ce dernier détermine le montant des engagement­s d'une caisse en fonction du rendement qu'une caisse espère réaliser à long terme (25 ans). «Peut-on comparer les deux taux? Non», affirme sans ambiguïté Marc Fournier.

Ne pas confondre le court et le long terme

Ce sont deux taux de nature différente, selon Marc Fournier. Le premier est le résultat d'une décision de la caisse de pension en fonction de la performanc­e de ses actifs l'année précédente et le second une évaluation à long terme. «Ce décalage est choquant», lance l'orateur. Pour Marc Fournier, puisque la méthode est douteuse, les mesures envisagées pour réduire cette redistribu­tion sont erronées. Celles-ci consistent à réduire le taux technique pour le rapprocher du taux crédité aux actifs. Mais ce mécanisme pousse le taux de conversion vers le bas, donc le taux auquel l'épargne vieillesse est transformé­e en rente. On mélange le conjonctur­el et le structurel, regrette-t-il.

Des transferts existent, mais ils ne profitent pas toujours à la même catégorie, selon Marc Fournier.

L'objectif initial était d'offrir une rente correspond­ant à 60% du salaire et de garantir la stabilité du système. Cet objectif de rente peut être atteint si l'on respecte la règle selon laquelle le taux crédité aux assurés correspond à celui de la hausse des salaires. Entre 1985 et aujourd'hui, le taux crédité a dépassé de 2% celui de l'augmentati­on salariale. Depuis trente ans, on assiste donc à une redistribu­tion du retraité vers l'assuré actif, conclut Marc Fournier.

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