Le Temps

La frilosité climatique de la Suisse

- STÉPHANE BUSSARD @StephaneBu­ssard

Il est facile de trouver des arguments pour justifier l’inaction, se focaliser sur les obstacles, les impossibil­ités. En refusant de tenter de décrocher l’organisati­on de la grande conférence de l’ONU sur le climat de 2020 à Genève, la Confédérat­ion en donne un exemple parlant. Accueillir 20000 délégués pendant trois semaines et assurer leur sécurité reste une gageure. Les difficulté­s pour organiser un tel sommet sont réelles. Mais peut-on décemment réduire les enjeux d’un tel événement à des questions de logistique?

Aujourd’hui, il est presque trop tard pour monter un dossier de candidatur­e. Mais il était encore temps de se mobiliser quand la ministre Doris Leuthard a reçu la propositio­n du conseiller d’Etat Pierre Maudet à la mi-août de cette année. Signe d’une frilosité assumée, la question n’a pas fait l’objet d’un débat au Conseil fédéral. Berne se réfugie derrière l’argument selon lequel l’Italie, la Turquie et le Royaume-Uni sont déjà sur les rangs. Vendredi, le gouverneme­nt wallon n’avait pas ces scrupules en proposant à la Belgique de profiter de la non-candidatur­e suisse pour tenter d’accueillir le sommet climatique.

La COP26 aurait pourtant été une chance unique de profiler la Genève internatio­nale comme le lieu où s’articulent les stratégies pour combattre le changement climatique et ses effets. Hub de la mise en oeuvre des Objectifs de développem­ent durable de l’ONU, la ville du bout du Léman abrite des organisati­ons globales qui y réfléchiss­ent quotidienn­ement de façon transversa­le, que ce soit l’Organisati­on météorolog­ique mondiale et le secrétaria­t du Groupe intergouve­rnemental d’experts sur le climat (GIEC), l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations ou le

La COP26 aurait été une chance unique pour la Genève internatio­nale

Haut-Commissari­at pour les réfugiés, voire l’Organisati­on mondiale de la santé. C’est par ailleurs à la COP26 que les Etats-Unis, qui auront à peine élu ou réélu leur président, devront formelleme­nt confirmer leur retrait de l’Accord de Paris sur le climat. La visibilité du sommet sera maximale. Il n’était pourtant pas question d’organiser des Jeux olympiques, mais de promouvoir le multilatér­alisme climatique dont Genève et la Suisse disent vouloir être les hérauts. La Confédérat­ion manque de saisir le

Zeitgeist. Le climat est le thème le plus anxiogène de notre époque. Ceux que le changement climatique angoisse se multiplien­t au même rythme que les marches pour dénoncer la folie autodestru­ctrice de la planète, comme le 8 décembre à Berne et à Genève.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland