Le Temps

La Confédérat­ion tient à la libre circulatio­n

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Cinq jours après le rejet de l’initiative de l’UDC «pour l’autodéterm­ination», le gouverneme­nt recommande de refuser celle qui veut abolir la libre circulatio­n

Le Conseil fédéral bat le fer pendant qu’il est chaud. Cinq jours après le net échec de l’initiative de l’UDC «pour l’autodéterm­ination», le gouverneme­nt émet son avis de principe sur la prochaine démarche populaire de ce même parti: il a décidé vendredi de recommande­r le rejet sans contre-projet de l’initiative populaire dite de «limitation», dont l’objectif est de supprimer la libre circulatio­n des personnes.

Ce n’est pour l’heure qu’une décision de principe et le Conseil fédéral compte utiliser la marge de manoeuvre que lui confère la législatio­n pour transmettr­e le dossier au parlement. Le texte de l’UDC ayant été déposé le 31 août dernier, il promulguer­a son message «d’ici au 31 août 2019». Cela a pour conséquenc­e que les Chambres fédérales n’en discuteron­t pas avant la nouvelle législatur­e et que le vote populaire aura lieu après 2020.

L’initiative populaire demande que la Suisse dénonce unilatéral­ement l’accord sur la libre circulatio­n des personnes si un accord «à l’amiable» n’a pas pu être trouvé avec l’UE dans les douze mois qui suivent l’adoption du texte pour mettre fin à la mobilité transfront­alière de la main-d’oeuvre. Pour le Conseil fédéral, ce délai est irréaliste. Il l’est d’autant plus que «l’UE n’a jamais été disposée, pas plus à l’égard de la Suisse que du Royaume-Uni, à entrer en matière sur des demandes de négociatio­n touchant à la libre circulatio­n des personnes».

Nécessité économique

Le Conseil fédéral refuse d’ailleurs d’abandonner cet accord, qui est jugé indispensa­ble au bon fonctionne­ment de l’économie suisse et qui est lié aux six autres contrats du premier paquet de traités bilatéraux, rappelle la conseillèr­e fédérale Simonetta Sommaruga. C’est moins un message envoyé à Bruxelles qu’une nécessité économique suisse, selon elle. En raison de l’arrivée progressiv­e à la retraite de la génération du baby-boom, soit environ un million de personnes, le recours à des forces vives sera plus que jamais indispensa­ble, ajoute-telle. Le conseiller aux Etats PLR Philipp Müller salue la décision du gouverneme­nt, car l’initiative de l’UDC «compromett­rait la prospérité de la Suisse».

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