LES PAVÉS DE L’IMAGE ROMANDE
Didier Ruef, Olivier Vogelsang et Luca Solari publient des sommes, résultats de longues années de travail
C’est un homme au crâne rasé façon damier, assorti au sol carrelé de son immeuble. C’est un gosse la tête dans une poubelle. Une femme avec son chien. Un couple qui danse et un autre figé dans des pèlerines transparentes. Ce sont des militaires qui défilent, des chameaux qui attendent et des fusils qui se dressent. C’est un pays qui se dessine. Depuis trente ans, Didier Ruef photographie la Suisse et ses habitants. Dans Homo helveticus, il promet «un regard sans neutralité» sur le pays et il s’y tient, avec humour et avec talent.
Olivier Vogelsang, lui, livre également une somme chez Till Schaap Edition, tirée de ses reportages à l’étranger. On suit le Genevois des Balkans déchirés des années 1990 aux conflits actuels du monde arabe jetant les populations sur les routes. On l’accompagne au Moyen-Orient, en Afrique, aux Etats-Unis ou en Afghanistan, passant d’une guerre à l’autre, d’une famine à une attaque terroriste. En noir et blanc ou en couleur, en argentique ou en numérique, ses images acérées dépeignent un monde dépourvu de lumière.
Luca Solari a consacré plusieurs années et de nombreux séjours hivernaux à la petite île néerlandaise de Schiermonnikoog. Le résultat est un beau livre de photographies en noir et blanc, à l’esthétique classique ultra-travaillée. Les différents chapitres s’attardent sur les traces laissées dans le sable, les visages des habitants ou encore le billard, îlot central: Schiermonnikoog compte dix clubs pour quelque 900 âmes.
Ce n’est pas un pavé, mais signalons encore la publication d’un livre de photographies de René Lièvre. Le Jurassien a exposé pour la première fois cette année, à 81 ans, son regard tendre sur un monde qui n’est plus.