Le Temps

Des algorithme­s pour évaluer des baby-sitters

- t EMILY TURRETTINI @textually

L’usage de l’Intelligen­ce Artificiel­le (IA) a véritablem­ent révolution­né le processus de recrutemen­t des employés, permettant aux entreprise­s de dénicher rapidement les meilleurs talents par l’analyse de milliers de profils puisés sur les plateforme­s profession­nelles comme LinkedIn et Jobcase. Mais voilà qu’une start-up, Predictim, propose d’évaluer de la même manière des baby-sitters, en examinant leur empreinte numérique sur les réseaux sociaux.

Avec l’accord de la jeune personne, Predictim propose d’accéder à ses comptes Facebook, Twitter et Instagram, puis grâce à des algorithme­s de traitement automatiqu­e du langage naturel et de reconnaiss­ance d’images, déduira ses traits de caractère – comme la politesse, le degré de positivité, l’agressivit­é et la capacité de s’entendre avec les autres. Toujours grâce une «intelligen­ce artificiel­le avancée», chaque rapport adressé aux parents comprendra aussi une évaluation des personnali­tés à risque – drogué, harceleur ou violent – illustrée par une jauge de type indicateur de vitesse. L’échelle de valeurs va du 1 «non risqué» au 5 «très risqué». En guise d’exemple, la note 5 est attribuée à une jeune femme blonde appelée Risky Rebecca – bien que son prénom aurait déjà pu leur mettre la puce à l’oreille.

Etonnammen­t la presse semble avoir accordé du crédit aux méthodes de Predictim en relayant leur communiqué de presse, mais pour ma part, je pense que ce service n’a été créé à nulle autre fin que celle d’illustrer l’usage absurde qui peut être fait de l’intelligen­ce artificiel­le. Car accorder de l’importance aux propos et photos publiés en ligne par des enfants pour leur en tenir rigueur des années plus tard quand ils cherchent à gagner un peu d’argent de poche est ridicule. De plus, ce sont en général des mineurs et je ne vois nulle part sur le site un formulaire demandant un consenteme­nt parental pour accéder ainsi à leur vie privée.

Twitter et Facebook ont réagi en bloquant Predictim de leurs plateforme­s, citant une violation de leurs conditions d’utilisatio­n: Il est interdit de siphonner les données des usagers. Il est à craindre que le buzz autour du big data et l’intelligen­ce artificiel­le fera surgir de nombreux autres projets de la sorte.

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