Galvanisé, le PS s’attaque aux primes
Le Parti socialiste s’est réuni ce week-end pour approuver un nouveau programme économique, lancer une initiative et élire une nouvelle vice-présidente. Les élections fédérales de 2019 sont déjà en ligne de mire
tTous les deux ans, le Parti socialiste se réunit en grand congrès. L’occasion pour 600 délégués de toutes les sections du pays de discuter, débattre, rencontrer les camarades des autres cantons et prendre une pléthore de décisions. Dans une gigantesque halle rouge de Brugg-Windisch (AG) – couleur dont beaucoup de camarades se sont ardemment réjouis – ils se sont penchés sur le nouveau programme économique du parti, mouture 2019-2029. Ils ont également approuvé le lancement d’une nouvelle initiative pour combattre la hausse des primes d’assurance maladie et élu une nouvelle vice-présidente pour remplacer Géraldine Savary.
Samedi matin, 10h30, deux jours de marathon politique commencent. «Bienvenue dans le canton des carottes, des autoroutes et des centrales nucléaires», déclare dans un premier discours la présidente du parti du canton hôte, Gabriela Suter. Lui succéderont à la tribune sept autres intervenants, dont Christian Levrat, président du parti, Alain Berset, président de la Confédération, et Hanna Pfalzgraf, représentante des Jeunes socialistes. Cette dernière rappelle à tous ses collègues qu’hommes et femmes «devraient disposer du même temps de parole». Christian Levrat harangue la foule sur le climat, l’accord-cadre avec l’UE et le pacte pour les migrations. Alain Berset raconte son année de présidence. Un discours en langage des signes complète le tableau.
Le dépassement du capitalisme ne divise plus
S’ensuivent quatre heures et demie de débat sur 95 articles du programme économique du PS. Il a fallu plus d’une année et demie pour finaliser le texte en discussion – «une feuille de route pour apporter des réponses aux grandes controverses de notre temps» – qui se veut aussi inclusif que possible. Les amendements proposés sont toutefois multiples, de la semaine de 35 heures – approuvée – au crowdfunding des artistes indépendants. Si l’adoption du programme a connu des heures conflictuelles dans le passé – en 2016, une proposition prônant le «dépassement du capitalisme» avait failli conduire à une scission au sein du parti – cela ne semble plus être le cas. «Nous avons pacifié le parti», confirme le conseiller national Roger Nordmann (VD). Sept heures après le premier discours, les députés du PS acceptent en effet très largement cette nouvelle feuille de route. Applaudissements. Apéro.
Les adieux de Géraldine Savary
Le deuxième jour s’ouvre avec le retour à la tribune d’Hanna Pfalzgraf, qui a des mauvaises nouvelles. Graphiques à l’appui, elle tance vertement ses camarades. «Samedi, Christian Levrat a parlé plus longuement que toutes les femmes réunies.» Ricanements gênés, une partie de la salle hue, affaire suivante. La nouvelle présidente du Conseil national, Marina Carobbio (TI), est ensuite célébrée par le parti et Christian Levrat montre fièrement ses chaussettes PS rouges. Seul candidat à sa réélection, il est réélu. Puis c’est l’heure des hommages. Très amaigrie, Géraldine Savary prend le micro. «Pour la première fois depuis vingt ans, je ne serai pas candidate aux élections fédérales. Je continuerai toutefois de pleurer vos défaites, je chanterai vos triomphes.»
«Je continuerai de pleurer vos défaites, je chanterai vos triomphes»
GÉRALDINE SAVARY, VICE-PRÉSIDENTE DU PS DÉMISSIONNAIRE
Visiblement émue, la Vaudoise ébranlée par l’affaire des dons non déclarés du milliardaire Frederik Paulsen pour soutenir sa campagne de 2011 ne se représentera pas aux élections fédérales. «Un choix qui n’était pas nécessaire», regrette Christian Levrat, ému lui aussi. La conseillère nationale Ada Marra (VD) lui succède à la vice-présidence. «J’essaierai de faire aussi bien que toi», lance-telle à sa collègue démissionnaire.
Enfin, les socialistes passent à l’offensive et votent le lancement d’une nouvelle initiative: le plafonnement des primes d’assurance maladie à 10% du revenu disponible des ménages. «Cela a déjà été fait dans le canton de Vaud. C’est possible et nous pouvons le financer!» s’enthousiasme le conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, fraîchement élu à la tête de l’USS, le plus grand syndicat suisse. «Debout les damnés de la terre!»
Le congrès socialiste prendra fin en musique. Sur Bread and Roses, chanson féministe emblématique, les déléguées socialistes appellent à la grève des femmes le 14 juin prochain. La proposition est approuvée. Puis, comme à la fin de chaque congrès socialiste, les camarades serrent les rangs pour entonner l’hymne à la lutte: «Debout! L’âme du prolétaire! Debout! Les damnés de la terre!» L'Internationale résonne à Brugg-Windisch.
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