Le Temps

Il est trop tôt pour sonner le glas de la hausse des marchés

- PHILIPPE G. MÜLLER ÉCONOMISTE RESPONSABL­E POUR LA SUISSE ROMANDE, CIO GWM UBS

Ce mois d’octobre a été le pire pour les marchés financiers depuis pratiqueme­nt une décennie. Les actions mondiales ont cédé près de 7%. Cette situation a fait craindre la possibilit­é de la fin imminente d’une longue période de marché haussier. Mais rien n’est moins sûr.

Certes, les taux d’intérêt réels américains ont augmenté et le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et la Chine est susceptibl­e de ralentir la croissance économique comme celle des bénéfices. Pourtant, malgré ces vents contraires, il est probable que la récente vague de ventes constitue davantage une correction du marché haussier plutôt que le début d’un marché baissier. Pourquoi? Cent vingt récessions analysées

Tout d’abord, les perspectiv­es économique­s demeurent assez favorables. La recherche d’UBS a passé en revue 120 épisodes de récession intervenus au cours des quarante dernières années. Sa conclusion: le comporteme­nt, décrypté à la lecture des données actuelles aux Etats-Unis, dans la zone euro et au Japon, ne correspond pas à celui déjà observé durant les périodes précédant les récessions. A l’approche d’un pic de cycle, la consommati­on décélère presque toujours. Or, actuelleme­nt, elle s’accélère dans les trois principale­s économies développée­s. Idem pour l’investisse­ment dans la zone euro et au Japon.

L’économie américaine, qui est pourtant la plus avancée dans le cycle, demeure robuste. Le mois dernier, plus de 250000 emplois y ont été créés, un chiffre supérieur aux attentes. Cette progressio­n a contribué à une saine revalorisa­tion du salaire horaire moyen de +3,1%. Si ces chiffres sont susceptibl­es de favoriser un nouveau relèvement des taux par la Fed en décembre, celui-ci ne devrait pas être suffisamme­nt agressif pour casser la dynamique de croissance actuelle. D’autant que le niveau de l’inflation est proche de sa cible.

Des signes encouragea­nts indiquent que l’économie de la zone euro commence à se remettre d’une période de ralentisse­ment. En outre, les effets indésirabl­es du coup de frein du secteur automobile allemand, suite au durcisseme­nt des règles d’émissions de CO2, s’estompent.

Le climat se rafraîchit

Enfin, la croissance des investisse­ments en biens d’équipement en Chine, principale­ment dans les infrastruc­tures, a entamé une reprise. Si les récentes mesures de relance lancées en été devaient progressiv­ement porter leurs fruits, les autorités chinoises devraient encore en prendre d’autres pour favoriser les ventes de détail. Pour rappel, les ventes d’automobile­s, la plus grande sous-catégorie, sont restées dans le rouge pendant six mois consécutif­s.

En fin de compte, les dernières semaines ne marqueront pas le début d’un hiver difficile pour les investisse­urs, même si le climat va sans aucun doute se rafraîchir.

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