Dans l’ombre des candidates
Aussi bien Viola Amherd que Heidi Z’graggen peuvent compter sur de précieux soutiens qui restent cependant discrets. Tout le contraire de Pierre Maudet voici un an
J-1 pour les deux candidates PDC à la succession de Doris Leuthard, qui passeront une dernière audition devant les groupes parlementaires ce mardi. Même si la Valaisanne Viola Amherd est donnée favorite face à sa rivale uranaise Heidi Z’graggen, la course reste ouverte. Dans les coulisses du Palais, leur entourage tente de convaincre les indécis. D’un côté, une redoutable éminence grise, Brigitte Hauser-Süess; de l’autre, une équipe de campagne moins expérimentée emmenée par le président du PDC uranais, Silvio Gisler.
tC’est la dernière ligne droite pour les deux candidates à la succession de Doris Leuthard. Même si la Valaisanne Viola Amherd est donnée favorite face à sa rivale uranaise Heidi Z’graggen, la course reste ouverte. Dans les coulisses du Palais fédéral, leur entourage tente de convaincre les indécis. D’un côté, une redoutable éminence grise, Brigitte Hauser-Süess; de l’autre, une équipe de campagne moins expérimentée emmenée par le président du PDC uranais, Silvio Gisler.
Du lit d’hôpital au Conseil fédéral! Jamais encore une candidate n’a dû décider de briguer la fonction suprême alors qu’elle doit subir une opération en raison d’un calcul rénal. Durant la dizaine de jours qu’elle passe à l’hôpital, Viola Amherd n’est pourtant pas seule. A ses côtés, une amie de longue date qui vient souvent lui rendre visite: Brigitte Hauser-Süess. Cette épouse d’un ancien médaillé de bronze en ski de fond aux Jeux olympiques de Sapporo est une championne de la communication.
La passion et la raison
Alors qu’on croyait qu’elle avait pris sa retraite et regagné la vallée de Conches, où elle réside, cette figure du PDC valaisan est redevenue omniprésente à Berne. Elle a derrière elle une trajectoire aussi étonnante que mouvementée. En 1989, elle est la première femme PDC du Haut-Valais à siéger au Grand Conseil. C’est peu après qu’elle recrute Viola Amherd pour siéger au comité local du parti de Brigue.
A la fin des années 1990, elle acquiert une notoriété nationale lorsqu’elle prend position en faveur de la solution des délais dans la question de l’avortement. Elle s’expose ainsi aux foudres des conservateurs du parti, qui ne le lui pardonnent pas. Elle est victime d’une campagne de diffamation sous la forme d’affiches clandestines qui l’accusent «de vouloir une culture de la mort en Suisse». Elle porte plainte pour atteinte à l’honneur. Son avocate: la jeune avocate Viola Amherd. Toutes deux finissent par avoir gain de cause au Tribunal fédéral. Parmi les condamnés: un certain Dominique Giroud, proche de la communauté d’Ecône.
«Ces deux femmes sont les deux faces d’une même médaille», déclare un bon connaisseur de la scène fédérale. Brigitte Hauser-Süess est la fonceuse qui n’a pas peur de monter au front pour mener le combat. Viola Amherd est plus posée, plus calculatrice. La passion et la raison, en quelque sorte. Lorsqu’on l’interroge sur son rôle durant la campagne au Conseil fédéral, elle le relativise: «Je suis l’amie de Viola Amherd, ni plus ni moins. Et je suis là si elle a besoin d’un sparring-partner.»
Durant dix ans, Brigitte Hauser-Süess a présidé les femmes du PDC. Dans les années 2000, elle est engagée au service de la communication de l’Office fédéral des migrations, un poste qu’elle conserve même lorsque Christoph Blocher devient conseiller fédéral et chef du Département fédéral de justice et police (DFJP). Lorsque celui-ci est évincé du gouvernement en 2007, sa successeure Eveline Widmer-Schlumpf l’appelle dans son état-major. Elle devient alors sa personne de confiance, aussi bien en matière de communication que sur le look de la conseillère fédérale. Lorsque la Grisonne, politiquement affaiblie par le résultat des élections de 2015, quitte le gouvernement, Brigitte Hauser-Süess assume un dernier mandat de conseillère, cette fois aux côtés de Doris Leuthard à l’occasion de sa présidence de la Confédération. Toutes deux habitent des appartements contigus à la Maison de Watteville à Berne.
Du côté de Heidi Z’graggen, l’équipe de campagne, certes plus nombreuse, est moins expérimentée. Elle est emmenée par le président du PDC uranais, Silvio Gisler, qui dirige une petite équipe de six personnes, dont le chef de presse du gouvernement uranais, Adrian Zurfluh. «Nous avons choisi de renoncer à une campagne offensive, dont nous savons qu’elle est mal ressentie par les élus à Berne», confie Silvio Gisler. C’est dire que Heidi Z’graggen fait tout le contraire de Pierre Maudet lorsque celui-ci a brigué la succession de Didier Burkhalter voici un an: durant plusieurs semaines, le Genevois s’était entouré de Rolin Wavre, Sébastien Leprat, Cédric Alber et Simon Brandt.
«A la disposition des élus»
Tous les parlementaires le confirment. Heidi Z’graggen n’a pas envoyé de courriels ni offert de corbeilles de fruits aux élus. «Elle se tient à leur disposition si ceux-ci souhaitent la rencontrer. Après avoir siégé quatorze ans au gouvernement uranais, elle n’est d’ailleurs pas si méconnue que cela à Berne, notamment à la Chambre des cantons», dit Silvio Gisler.
Il ne faut pas sous-estimer le lobbying en faveur de l’Uranaise: celle-ci peut aussi compter sur Franz Egle, ancien porte-parole de Flavio Cotti aujourd’hui proche du milliardaire égyptien Samih Sawiris, sur Iwan Rickenbacher, ex-secrétaire général du PDC, sur l’ex-président du PLR Franz Steinegger et sa femme, Ruth Wipfli, toujours très active dans les milieux sportifs.
Malgré cela, Viola Amherd entame les dernières auditions de partis de ce mardi en position de favorite. Mais sa rivale Heidi Z’graggen reste très souriante. «Je prends beaucoup de plaisir à mener cette campagne. Je suis confiante.»
■
Heidi Z’graggen et Viola Amherd, le ticket féminin du PDC pour succéder à Doris Leuthard.