Le Temps

Pour des Fêtes blanches… et vertes

- VIRGINIE NUSSBAUM @VirginieNu­ss

«Ça commence vraiment à ressembler à Noël», fredonnait Bing Crosby, voix de crooner et grelots espiègles, en 1951. C’est aussi ce que je me suis dit en grimpant les escaliers de mon immeuble dimanche passé. Sur la porte de mes voisins, un énorme noeud doré, constellé de paillettes… et clignotant frénétique­ment.

C’est étrange comme la période des Fêtes peut révéler le mauvais goût qui sommeille en nous. Peu importe. Aussi puéril que ça paraisse, les décoration­s de Noël, même les plus kitsch, ont le don de me ragaillard­ir et de dissiper la grisaille qui plombe le moral. Et si le marché de Noël lausannois offre de joyeuses flâneries, la palme de la Christmas classe revient à Zurich et à sa Bahnhofstr­asse, inondée d’une pluie de lumière.

En m’extasiant devant ces guirlandes, j’en oublierais presque qu’en Pologne l’heure est grave. Ces prochains jours, la COP24 tentera de sceller et d’uniformise­r l’applicatio­n de l’Accord de Paris, déterminan­t dans la lutte contre le réchauffem­ent climatique. Alors en voyant ces rues surillumin­ées, ces vitrines encombrées, ces sapins coupés, je me dis que les festivités nous font bien vite oublier nos résolution­s écolos…

Comment célébrer Noël sans polluer la planète? Comme moi, de plus en plus d’anonymes y sont sensibles. Une vidéo publiée par Le Monde, qui révélait qu’acheter un conifère naturel serait étonnammen­t plus respectueu­x de l’environnem­ent qu’un modèle artificiel – le vrai sapin, lors de sa pousse, absorbe du CO2 et nous vient de moins loin –, a récolté une avalanche de commentair­es. «Mieux vaut en fabriquer un soi-même», dit un internaute.

Un cauchemar pour tous les bricoleurs gauches dans mon genre. Mais en cherchant un peu, on trouve d’autres gestes faciles à faire: choisir des illuminati­ons LED équipées d’un timer, emballer ses cadeaux dans du papier recyclé (ou du papier journal, pour un petit côté hipster), éviter le saumon d’élevage et surtout les gadgets électroniq­ues inutiles sous le sapin – du genre un chauffe-mains en forme de panda. Certes, ces petits riens ne sauveront pas le climat. Mais quelle meilleure période que celle-ci, où l’on pense d’avantage à son prochain qu’à soi, pour consommer plus consciemme­nt?

«Je rêve d’un Noël blanc», susurrait Bing Crosby en 1942. Et moi donc. Mais c’est précisémen­t parce que je sais que cette neige n’est pas éternelle que j’ose aspirer, cette année, à des Fêtes un peu plus vertes.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland