Le Temps

L’humilité et la sincérité

- MICHEL GUILLAUME, BERNE

La Haut-Valaisanne qui succédera à Doris Leuthard affiche un profil de centriste humaniste comme il en reste de moins en moins au parlement Le Valais est de retour au Conseil fédéral. Hier, Viola Amherd a été élue par 148 voix contre 70 à sa rivale Heidi Z'graggen. La vice-présidente du groupe PDC, qui a profité d'une constellat­ion politique très favorable, a été fidèle à elle-même en acceptant son élection. S'exprimant dans les quatre langues nationales, elle a déclaré qu'elle assumerait son mandat avec «humilité et sincérité».

«Elle fait ce qu’elle dit»

Réglée en un tour, son élection a été aussi sereine que son début de campagne a été mouvementé. Le 24 octobre dernier, elle sort juste à temps de l'hôpital, où elle a été opérée d'un calcul rénal, pour dire qu'elle brigue le Conseil fédéral. Et auparavant, elle avait dû se justifier dans une affaire de bail pour laquelle elle a été condamnée par le Tribunal de Brigue à rembourser 250000 francs à une entreprise locatrice de son hoirie.

Ensuite cependant, tout rentre dans l'ordre pour cette ex-présidente de la commune de Brigue-Glis, qu'elle a dirigée avec une efficacité – elle réduit le gouverneme­nt de 11 à 7 membres – qui tranche avec sa discrétion de politicien­ne qui agit loin des projecteur­s des médias. En 2005, elle débarque au Conseil national où elle succède à un certain Jean-Michel Cina. Elle s'y forge une réputation de politicien­ne «fiable, qui fait toujours ce qu'elle dit». Infatigabl­e avocate des régions périphériq­ues et de montagne, elle ne cesse de rappeler aux entreprise­s de service public – que ce soit Swisscom, La Poste ou la SSR – qu'elles doivent offrir la même offre de qualité qu'en plaine.

Pour l’UDC, c’est une gauchiste

Même si l'UDC adore la cataloguer comme «une gauchiste», Viola Amherd affiche un profil de centriste humaniste comme il en reste de moins en moins au parlement. Elle détonne dans une Suisse polarisée où le PDC – parti charnière des compromis – est menacé de tomber au-dessous des 10% de parts de suffrages l'an prochain. Même lorsqu'elle participe à l'émission politique phare de la TV alémanique Arena, elle renonce à tout slogan tapageur. Et lorsqu'elle est victime d'attaques personnell­es, elle esquisse un sourire de Joconde avant de rétorquer sur le fond.

L'élection de Viola Amherd est une chance pour le PDC, estime l'ancien secrétaire général du parti Raymond Loretan. «Viola Amherd est un pôle de calme, de stabilité et de ralliement pour le PDC. Elle fera un bon tandem avec le président du parti Gerhard Pfister, qui incarne l'aile droite du parti», remarque-t-il.

Mais la victoire de Viola Amherd, c'est aussi celle d'une véritable faiseuse de reines: Brigitte Hauser-Süess. Cette Haut-Valaisanne d'adoption originaire de l'Entlebuch lucernois a été présidente des femmes PDC durant dix ans. En 1999, c'est elle qui avait déjà orchestré l'élection de Ruth Metzler en réclamant un double ticket féminin avant de seconder plus tard les conseillèr­es fédérales Eveline Widmer-Schlumpf et Doris Leuthard. Aujourd'hui, Brigitte Hauser-Süess est officielle­ment à la retraite. Fera-t-elle son retour à Berne? Elle répond par un grand sourire qui dit bien que l'hypothèse n'est pas exclue.

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