A Berne, tous les regards se tournent vers les socialistes
Quels dicastères les deux nouvelles élues reprendront-elles? D’autres conseillers fédéraux, notamment les deux représentants du PS, sont-ils tentés de changer d’air?
Quels départements les deux nouvelles élues reprendront-elles? On peut s’attendre à quelques changements au sein du gouvernement, ne serait-ce que parce que les deux socialistes, Simonetta Sommaruga et Alain Berset, sont, depuis leur élection en 2010 et 2011, fidèlement et loyalement restés accrochés au ministère qui leur avait été attribué: Justice et Police pour la première nommée, l’Intérieur pour celui qui est l’actuel président de la Confédération. Au moins l’un des deux manifestera son intention de changer d’air.
Durant son année de présidence, Alain Berset a manifesté un goût réel pour les relations internationales. Mais le Département des affaires étrangères n’est pas libre. On imagine mal Ignazio Cassis le lâcher déjà maintenant. Ce serait perçu comme un échec ou un désaveu. Le Tessinois est très critiqué pour certaines déclarations et positions: l’UNRWA au ProcheOrient, les mesures d’accompagnement, le Pacte de l’ONU sur les migrations.
Il va sans doute rester à la tête de la diplomatie au moins encore une année. Du coup, on laisse entendre à Berne qu’Alain Berset pourrait se tourner vers l’Economie de Johann Schneider-Ammann. Cela le maintiendrait en contact avec les parquets internationaux et lui permettrait de remettre la main sur le secteur formation, recherche et innovation, qui a été concentré dans ce département.
Le dilemme de Simonetta Sommaruga
Ce serait alors une grande première: jamais un socialiste n’a dirigé l’Economie. Or, ce scénario n’est pas le favori des organisations économiques, qui préféreraient voir Karin Keller-Sutter succéder à Johann Schneider-Ammann. Polyglotte, bien réseautée dans les milieux économiques, la libérale saint-galloise semble en effet idéalement placée pour poursuivre le travail d’ouvreur de marchés joué par l’ancien patron du groupe industriel Ammann.
Si Karin Keller-Sutter lui brûle la politesse, le socialiste fribourgeois pourrait rester à l’Intérieur et voir ce qui va se passer l’an prochain, au moment du renouvellement général des autorités fédérales. De nouveaux trocs de portefeuilles pourraient se faire à ce moment-là, surtout si Ueli Maurer, qui va rester aux Finances jusqu’à sa retraite, décide, à 69 ans, de ne pas solliciter un nouveau mandat. Ignazio Cassis pourrait alors laisser les Affaires étrangères à Alain Berset.
La situation de Simonetta Sommaruga est particulière. Confortablement élue à la vice-présidence du Conseil fédéral mercredi, avec 196 voix, elle sera présidente de la Confédération en 2020. Elle aura alors dix ans d’ancienneté. Si elle décide de changer d’officine maintenant, cela signifiera qu’elle compte rester au gouvernement encore quelques années. Si, en revanche, elle compte se retirer après sa deuxième année de présidence – la première fut 2015 –, elle risque fort de rester à la tête de Justice et Police. Elle doit trancher ce dilemme d’ici à la séance de répartition des ministères, qui a lieu en principe vendredi.
Et Guy Parmelin?
Si elle souhaite bouger, où ira-telle? Certains la voient s’intéresser aux dossiers des Infrastructures de Doris Leuthard. Certes, des voix à droite ne souhaitent pas que le PS reprenne ce cabinet clé. Mais les grandes réformes territoriales et énergétiques sont sous toit et il s’agit désormais de les mettre en oeuvre. Cela rend cette issue possible.
Mais il faut aussi s’interroger sur ce que souhaite faire Guy Parmelin. Il pilote la Défense depuis 2015, mais on lui prête l’intention de s’intéresser à autre chose. Deux possibilités sont évoquées: le DETEC, précisément, ainsi que l’Economie. Ses méconnaissances linguistiques ainsi que son absence de connexions dans les milieux économiques autres qu’agricoles rendent cependant sa candidature pour le département de Johann Schneider-Ammann peu pertinente.
Et Viola Amherd? Selon ce que décideront Alain Berset, Guy Parmelin et Simonetta Sommaruga, elle peut hériter de l’Intérieur, de l’Economie ou de Justice et Police. Sa formation de juriste, son expérience à la présidence de Brigue, ville-frontière confrontée à la migration, lui confèrent quelques atouts pour reprendre les dossiers de Simonetta Sommaruga.
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