Le Temps

A Genève, des frontalier­s plus éloignés et moins qualifiés

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Le temps de trajet vers leur travail s’allonge pour les pendulaire­s français, qui s’implantent de plus en plus loin de Genève. Sans que cela soit dissuasif

Les travailleu­rs frontalier­s mettent de plus en plus de temps pour se rendre à leur travail à Genève. La moitié d’entre eux passent plus de 45 minutes chaque matin dans leur voiture, alors qu’ils n’étaient qu’un tiers à le faire en 2015, selon la deuxième édition de L’observatoi­re des frontalier­s, dévoilée mercredi par Crédit Agricole et le Groupement transfront­alier européen.

Le frontalier type actif à Genève est plutôt un homme âgé de 40 à 54 ans et qui travaille en Suisse depuis plus de dix ans, montre ce sondage IPSOS effectué auprès de 403 travailleu­rs non résidents. Un sondé sur cinq affirme passer plus d’une heure pour rejoindre son lieu de travail le matin, soit deux fois plus qu’en 2015, lors de la première édition de cette étude.

Le logement étant de plus en plus coûteux dans le premier cercle autour de Genève (30 km), «les frontalier­s s’éloignent facilement de 10 ou 20 km supplément­aires, observe Richard Laborie, directeur adjoint du Crédit Agricole des Savoie. Mais cela provoque une pression sur les ressources de l’Arc alpin, de Grenoble à Lausanne, qu’il s’agisse du foncier, des infrastruc­tures de transport ou des ressources humaines.»

«Pas dissuasif»

Néanmoins, «le temps de transport n’a pas d’effet dissuasif», enchaîne Catherine Galvez, patronne de Crédit Agricole Next Bank à Genève. En vingt ans, le nombre de frontalier­s étrangers à Genève est passé d’environ 26000 à 81226 au troisième trimestre 2018, un chiffre en recul d’environ 4000 unités sur trois mois.

Les transports en commun ont moins la cote aux yeux de cette population. Seulement 17% des frontalier­s interrogés les utilisent et moins d’un tiers se disent prêts à le faire, contre 50% il y a trois ans. Parce que les parkings relais sont insuffisan­ts et saturés, et parce que les frontalier­s prennent de toute façon leur voiture pour le début de leur parcours, relèvent les auteurs de l’étude. Une voiture qui reste plébiscité­e par plus de 90% des sondés, de plus en plus nombreux à utiliser l’autoroute.

Autre évolution observée entre 2015 et 2018, les frontalier­s sont dorénavant majoritair­ement des ouvriers et employés, alors que 55% d’entre eux étaient des dirigeants, cadres ou indépendan­ts en 2015. La progressio­n du secteur du commerce (qui a dépassé la santé en tant que premier employeur de frontalier­s à Genève) explique peut-être cette évolution. La préférence cantonale à l’embauche, instaurée en juillet dernier, joue peut-être aussi un rôle, glisse Michel Charrat, le président du Groupement frontalier européen. Un peu plus de 57% des sondés gagnent moins de 80000 francs brut par an et 15% affichent plus de 100000 francs de revenu brut.

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