Les Urbaines
Il se dit «plus que paritaire, largement queer» et souhaite «décoloniser les arts». Avec une quarantaine de projets, le festival Les Urbaines emmené par Ysaline Rochat et Samuel Antoine présente, le week-end prochain à Lausanne, ce que la création locale et internationale fait de plus émergent et de plus trans. Transdisciplinaire, transgenre et transfrontière. Courez-y, c’est toujours gratuit!
A l’Arsenic, par exemple, vous pourrez regarder comment la plasticienne turque Ceylan Oztruk apprend la danse du ventre et tire «des parallèles entre orientalisme et hétéronormativité» (Oriental demo). Tandis qu’à Sévelin 36, la Hollandaise Oneka Von Schrader orchestrera une ode au sexe féminin portée par un groupe de performeuses «affranchies des représentations dominantes associant le vagin à l’obscurité, au manque et au vide». D’autres déconstructions sociales, identitaires ou géographiques nourrissent encore cette riche affiche. Côté musique, si l’on connaissait déjà l’électronisme grêlé de N-Prolenta (sociétaire de l’excellent label newyorkais PTP), Les Urbaines permettent de belles découvertes: ainsi de Boothroyd, qui réussit un tour de force en mêlant une forme d’ambient propulsive que n’aurait pas reniée Sabres of Paradise à des schémas quasiment bluegrass; ainsi aussi des très beaux paysages bruitistes de Laurent Quartier (qui s’appelle en fait Alice Nimier). Ainsi surtout, peut-être, du Californien Bully Fae: sorti cette année chez Vague Terrain (le label des doux dingues de Matmos), son album Defy a Thing to Be est une merveille d’étrangeté qui greffe du militantisme queer et des nappes d’abysses sur une infrastructure de hip-hop sombre, minimal, à l’os. Tous les lieux, dates et heures figurent sur le site en mouvement (ultra-bien, lui aussi). P. S. ET M.-P. G. ▅ LAUSANNE ET RENENS. DIVERS LIEUX. DU 7 AU 9 DÉCEMBRE. WWW.URBAINES.CH