Le Temps

Rendre à qui et comment?

- C. F.

Les restitutio­ns peuvent parfois être compliquée­s. Le président bolivien Evo Morales s’est félicité en 2014 du retour d’une statuette du dieu de l’abondance Ekeko qui trônait au Musée d’histoire de Berne depuis 1929, achetée aux héritiers d’un ethnologue qui l’avait échangée contre une bouteille de cognac en 1858. Mais la bonne nouvelle d’un partenaria­t «gagnant-gagnant» s’est un peu gâtée quand il s’est avéré que la précieuse statuette allait être présentée au public, loin de la protection d’un musée… «Il faut accepter que les objets reprennent leur vie propre», estime Boris Wastiau; c’est aux pays d’origine de décider qu’en faire.

Restituer exige de savoir aussi à qui. Le rapport Savoy-Sarr préconise de rendre les objets aux Etats, à charge pour eux d’éventuelle­ment les transmettr­e aux autorités ou aux communauté­s concernées – ce qui peut s’avérer compliqué dans certains pays où des minorités sont en désaccord avec l’Etat central.

«Il y a une grande méconnaiss­ance de l’Afrique et de ses musées. Certaines réactions sont à la limite du racisme, quand il est dit qu’on n’a pas les moyens d’accueillir ces oeuvres», juge Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou au Bénin, une des voix africaines pour le retour des objets pillés. «Le Bénin ne peut pas être le seul endroit au monde où on ne pourrait pas voir des objets du Bénin. Et le patrimoine universel ne peut pas être réparti seulement sur quelques degrés de latitude.» Hier a été inauguré à Dakar un Musée des civilisati­ons noires à la pointe de la technologi­e.

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