Le Temps

A 160 ans, Helvetia innove comme jamais

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Le troisième groupe suisse du secteur accuse un certain retard sur ses grands concurrent­s. Mais il s’attelle à le rattraper, en investissa­nt dans ses systèmes informatiq­ues, les chatbots et la personnali­sation des services

L’assurance, une branche ennuyeuse? Du piratage de données aux nouvelles plateforme­s numériques, les défis de la transforma­tion numérique sont nombreux. «Les plus grands changement­s du groupe se produisent dans la fabricatio­n de notre offre à travers le renouvelle­ment des systèmes informatiq­ues, plutôt que dans les produits euxmêmes», déclare Adrian Kollegger, 44 ans, responsabl­e des affaires non-vie du groupe Helvetia Assurance, lors d’un entretien en marge de la célébratio­n, jeudi, des 160 ans de l’assureur.

Helvetia a en effet été fondé en 1858 à Saint-Gall par des entreprene­urs locaux afin de couvrir les risques de transport. Le groupe a beaucoup évolué. Sa position s’est accrue en partie avec la reprise de Nationale Suisse en 2015.

Un fonds pour les start-up

L’innovation est aujourd’hui «une priorité afin d’améliorer la satisfacti­on du client», avance Adrian Kollegger. L’évolution des recettes d’un groupe d’assurances (en l’occurrence 5,8 milliards de francs au premier semestre pour Helvetia) est en effet fortement liée à la perception du service. Helvetia investit par exemple dans des start-up à l’aide d’un fonds doté de 55 millions de francs. Mais le groupe cherche surtout à améliorer le traitement d’un sinistre et les activités de soutien.

La croissance du volume d’affaires est directemen­t fonction de la satisfacti­on du client, insiste Adrian Kollegger. Des projets pilotes sont lancés à cette fin. Depuis le début de l’année, un chatbot permet d’annoncer un sinistre de vélo et d’être remboursé dans les 90 secondes. Helvetia estime ainsi être un pionnier en Europe. Sur 100 clients qui subissent un sinistre, près de la moitié d’entre eux l’annonce par internet. Et 30% de ceux qui utilisent le service Messenger de Facebook emploient un chatbot. «Dès le début de l’année, les annonces de sinistres de véhicules automobile­s pourront être réalisées par internet», annonce l’assureur.

En milieu de peloton

«L’assureur est solide et bien placé sur le marché suisse. Après l’intégratio­n de Nationale Suisse, Helvetia se lance sur la voie de la numérisati­on en cherchant à créer un écosystème autour du client. Ses initiative­s soulignent sa volonté d’avancer, mais Helvetia figure sans doute en milieu du peloton en termes d’innovation, derrière les grands groupes comme Axa ou Allianz», tempère Samuel Traub, analyste financier auprès de Credit Suisse.

Il est toutefois «difficile d’estimer si la mise en oeuvre de cette stratégie numérique est un succès», ajoute l’analyste. En cas de ralentisse­ment conjonctur­el ou de baisse des taux soutenue, «avec une part de 65% des affaires dans l’assurance non-vie, son portefeuil­le est plus résistant que la moyenne», conclut Samuel Traub.

Les assureurs souffrent habituelle­ment d’un faible désir de discussion de la part des clients potentiels. En moyenne, un assuré discute 45 minutes par an avec son assurance. Pourtant, les études signalent une plus grande satisfacti­on lorsque le contact est personnali­sé. Helvetia entend résoudre ce défi en identifian­t les besoins. Certains veulent un service rapide, simple et efficace par internet, d’autres une relation personnali­sée. Le moment du renouvelle­ment des contrats, en moyenne tous les cinq ans, est crucial pour l’assureur s’il veut entrer en relation avec l’assuré et évaluer ses besoins. «Sur 100 clients contactés par chatbot, 20 renouvelle­nt leur assurance», note Adrian Kollegger.

Helvetia a par ailleurs repris 70% du leader du courtage d’hypothèque­s MoneyPark «afin de se lancer dans un nouveau domaine d’activité», déclare Adrian Kollegger. L’assureur profite de la marche des affaires du courtier et, en second lieu, de la vente possible de ses propres solutions. Mais MoneyPark est une plateforme indépendan­te et ouverte à tous les assureurs, précise Helvetia.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland