Le Temps

Le festival de Verbier avance vers sa source

- S. BO.

Après un quart de siècle brillammen­t honoré cet été, la manifestat­ion valaisanne envisage son avenir sous la forme d’un «work in progress», comme à ses débuts

C’est peu dire que l’heure est à la satisfacti­on. Avec une fréquentat­ion en hausse de 20%et des chiffres 2018 qui font rêver, l’euphorie est bien là. Mais le flegme et l’expérience de Martin Engstroem arrondisse­nt les enthousias­mes.

Le quart de siècle franchi cet été dans l’allégresse laisse de belles traces, en plus de souvenirs marquants. Il restera aussi un livre, un coffret de CD, et un véritable sentiment d’accompliss­ement.

Mais demain est déjà là. Et l’heure est à la présentati­on du prochain cru, qui se déroulera du 18 juillet au 3 août dans les mêmes lieux.

Si la question d’une salle de 800 places reste centrale, elle demeure toujours en attente. On imagine que le talent et l’endurance du directeur finiront par convaincre les autorités de Verbier.

A voir la célébrité de son festival et le rapport de 32 francs distribués sur la commune pour 1 franc investi, la suite s’annonce sous les meilleurs auspices. D’autant que les stations de ski ont intérêt à repenser leur modèle touristiqu­e et commercial, avec un climat de plus en plus aléatoire…

Ces considérat­ions peuvent sembler hors sujet. Elles ne le sont pas. Car les réflexions sur l’avenir concernent aussi les entreprise­s culturelle­s. «Nous devons de la même façon nous renouveler pour survivre, nous réinventer et nous reposition­ner», compare Martin Engstroem.

La pression du succès

L’anniversai­re a joué comme un révélateur. «En composant le livre, les origines du festival sont apparues nettement», poursuit-il. «Au début, le théâtre, la danse, la ou la littératur­e composaien­t l’ADN de la manifestat­ion. La pression du succès nous a poussés à nous concentrer sur la musique classique. Et notre engagement vers la jeunesse a fini par occuper le centre de nos activités», explique Martin Engstroem.

«Aujourd’hui, si vous demandez à un jeune musicien quel festival du monde lui propose le plus d’ouvertures, de possibilit­és de formation et d’accompagne­ment, c’est Verbier qui vient en tête. Nous en sommes fiers et heureux. Mais j’aimerais beaucoup, d’ici à quelques années, retrouver l’esprit de grand Workshop initial.»

«Il s’agit de redévelopp­er des croisement­s fertiles qui rebondisse­nt entre les arts et attisent davantage la création.» Quand? «Ce n’est pas encore défini. Mais il faut y penser déjà maintenant.» En attendant, on retrouvera l’été prochain ce qui fait l’âme du festival d’aujourd’hui.

Les grands fidèles de Verbier reviennent sans faillir. Mais Martin Engstroem essaie de les fidéliser sur plusieurs jours, différemme­nt. Quelques pistes citées par le directeur? «Valery Gergiev, en tant que directeur musical de l’orchestre (VFO), reste à Verbier sur une courte période, ce qui est déjà unique en soi. Cette année, il dirigera le seul opéra à l’affiche: La femme sans ombre de Strauss. Un ouvrage colossal qui demande des forces vives et un directeur exceptionn­el.»

Le chef israëlien Lahav Shani est invité une semaine pendant trois ans sur des projets concernant les trois orchestres de Verbier. Franz Welser-Möst dirigera la 8e Symphonie de Bruckner, et Fabio Luisi apparaîtra pour la première fois dans la 2e symphonie de Mahler.

Du côté des interprète­s, Grigory Sokolov est de retour, mais dans la grande salle des Combins, et non dans l’église dont il a toujours préféré l’intimité. «On croise les doigts pour lui, qui a toujours refusé de jouer sous tente.» Genou gauche

Autre pianiste habitué de Verbier, Evgeny Kissin a accepté d’accompagne­r du chant, en la personne de Karita Mattila… «Les deux artistes sont ravis de se rencontrer et de se produire ensemble. J’en attends de beaux résultats.» Quant aux jeunes talents, ils sont toujours à l’honneur. «Mon genou gauche m’a soufflé que mes favoris seront les futures stars. Le jeune pianiste de 14 ans Yoav Levanon, le violoncell­iste Sheku Kanneh-Mason ou le violoniste Daniel Lozakovitc­h font partie de la relève. Ceux qui ont été révélés à Verbier il y a 25 ans viennent toujours y jouer ou donner des master classes aujourd’hui.» Un gage de réussite.

Festival de Verbier du 18 juillet au 3 août. www.verbierfes­tival.com

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