Sauver le macronisme
Il faut sauver l'esprit du macronisme de la ruée vers l'Elysée promise ce samedi par les «gilets jaunes» et les casseurs qui se cachent malheureusement derrière eux. Il ne s'agit pas, en écrivant ces lignes, de nier les erreurs commises par le président français et son équipe depuis leur arrivée à la tête du pays, le 7 mai 2017. Il s'agit de regarder les choses en face: même si le mal-être des Français, surtout dans les provinces, est une réalité, la nécessité de réformer le pays demeure.
L'Etat social à la française ne fonctionne plus. L'augmentation continue des prélèvements obligatoires décourage les initiatives. L'extinction du commerce de détail et la raréfaction des vocations artisanales et entrepreneuriales entraînent une vertigineuse désertification des villes moyennes. La paupérisation ne gagne pas seulement en raison de la progression avérée des inégalités sociales. Elle est aussi le résultat d'un déficit de création de richesse, dans un pays dont les atouts, les talents et l'inventivité sont pourtant incontestables.
Il faut redire que l'hypothèse du chaos serait redoutable pour la France. Elle est un piège, car la correction nécessaire d'inégalités ne doit jamais empêcher de regarder la situation économique du pays en face. L'Etat français dépense trop et mal. Des quartiers entiers échappent à l'autorité de la République.
Le macronisme était porteur d'une quadruple promesse de réformes, de retour d'une autorité respectée, d'un investissement sur la jeunesse et d'une rupture avec les blocages sociaux d'antan. Son erreur est à l'évidence d'avoir trop cru que la politique était juste une affaire de communication et d'affichage «disruptif». Ce macronisme-là, dans sa tour d'ivoire, a manqué terriblement de lien, et d'empathie pour ceux qui souffrent et font face à de croissantes difficultés financières. Mais le miroir que tendent à nouveau ce samedi les «gilets jaunes» – aussi légitimes soient leurs inquiétudes et leurs revendications –, qu'on le veuille ou non, n'est pas celui d'une France tournée vers l'avenir. Il est celui d'une France brisée. Celle que personne ne peut et ne doit souhaiter.
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