Le Temps

Le cross «indoor», grand huit à Palexpo

- L. FE

Variante en salle du concours complet, le cross séduit le public par son côté spectacula­ire. S’ils aiment faire le show, ses pratiquant­s mettent en avant la performanc­e sportive

A Palexpo, le Concours hippique internatio­nal (CHI) a succédé au Supercross. L’esprit festif et pétaradant de ce dernier subsiste néanmoins le samedi, sur le coup de 17h45, lorsque s’élancent les concurrent­s du cross indoor. Cette épreuve est la version en salle du concours complet, qui mêle saut, dressage et cross-country. Les chevaux doivent franchir le plus vite possible 29 obstacles naturels (dont un lac et une butte). Le parcours est plus long qu’en saut (1800 m) et utilise à la fois la grande piste et le paddock d’entraîneme­nt, reliés par un étroit passage. C’est une sorte de grand huit qui soulève des «ahh» admiratifs et des «ohhh» inquiets du public.

Pour la deuxième année de suite, le cross indoor bénéficie d’une excellente programmat­ion, en début de soirée. De l’avis des organisate­urs, cette discipline très spectacula­ire ajoutée en 2014 est «une bonne idée dans le programme». «Il y a une quinzaine d’années, nous étions allés observer du cross indoor à Stuttgart et cela nous faisait un peu peur parce que ça semblait assez dangereux», se souvient Sophie Mottu Morel, la directrice générale du CHI. «Les parcours ont évolué, tout en restant spectacula­ires, explique Karim Laghouag, le vainqueur de l’édition 2017. Les courbes sont bien étudiées, les obstacles tombent; c’est désormais très sécurisé.»

«C’est une discipline qui s’est beaucoup développée, constate le journalist­e et directeur sportif du CHI, Alban Poudret. Plusieurs cavaliers de cross participen­t à des épreuves en saut ou en dressage, preuve de leur bon niveau.» «Au début, les gens trouvaient ça un peu brouillon, et c’est vrai que c’était plus un show qu’autre chose mais aujourd’hui, vous pouvez voir qu’on arrive à proposer de la belle équitation», souligne Karim Laghouag. Très profession­nel, le Français, champion olympique par équipe en 2016 à Rio, travaille avec un préparateu­r physique et un coach mental. A Genève, il se réjouit de bénéficier des mêmes conditions d’hébergemen­t et d’entraîneme­nt que les stars du saut d’obstacles. «Nous sommes plutôt habitués aux Formule 1 qu’aux 4 étoiles», plaisante-t-il.

Punch le bien nommé

De l’avis des concurrent­s, le niveau du cross indoor du CHI est très relevé même si les vrais chevaux de concours complet, à la foulée plus lourde, sont un peu désavantag­és. Karim Laghouag viendra avec le bien nommé Punch, avec lequel il s’était imposé l’an dernier. «C’est un formidable petit arabe qui va faire frémir mes adversaire­s et, je l’espère, les spectateur­s.» Robin Godel, lui, s’alignera avec Giaccomo, son deuxième cheval, plus «explosif» que Grandeur de Lully.

Champion de Suisse jeunes cavaliers 2018, Robin Godel (20 ans) est le grand espoir suisse du concours complet. Aux récents Jeux mondiaux de Tryon, il s’est classé 60e en étant le plus jeune concurrent. Il espère se qualifier pour les Jeux olympiques 2020 de Tokyo. Son point fort est le saut, exercice auquel les spécialist­es de complet rechignent souvent. Sans le travailler particuliè­rement (il saute en concours lorsqu’il a un week-end de libre), le jeune Fribourgeo­is y brille, à tel point qu’il figure également dans le cadre national jeunes cavaliers de sauts. Effort plus intense

En salle, le défi consiste à faire rentrer dans une (grosse) boîte une épreuve ordinairem­ent pratiquée en plein air dans de grands espaces. Une préparatio­n spécifique d’avant-saison est primordial­e. «Elle débute mi-octobre par un travail essentiell­ement physique, explique Karim Laghouag. L’indoor implique un effort plus bref mais plus intense. Les obstacles sont plus rapprochés, on ralentit, on relance, il y a beaucoup de changement­s de rythme.»

Les chevaux doivent franchir le plus vite possible 29 obstacles naturels, dont un lac et une butte

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