Alain Berset: «Les bons photographes sont invisibles»
Pourquoi avez-vous accepté la proposition de Nicolas Brodard?
D’abord, j’ai un grand intérêt pour la photographie. Je trouve que c’est un média captivant et très fort. Ensuite, j’ai trouvé que le projet de Nicolas Brodard était également intéressant et particulier. J’ai été surpris au départ par sa requête, mais il ne m’appartient pas de juger si une démarche artistique est pertinente. En revanche, il me revenait de jouer le jeu ou non. Il avait une idée très précise de ce qu’il souhaitait. Je me suis laissé emmener parce que j’ai voulu donner une chance à ce projet d’exister. J’avais conscience qu’en refusant, ce travail photographique n’aurait pas lieu parce qu’il était lié à mon nom et ma fonction.
Comment avez-vous vécu cette proximité?
En acceptant ce projet, qui nécessitait une très grande proximité, je m’engageais à jouer le jeu. Mais cela n’a pas été pesant. Nicolas Brodard n’était pas présent quinze heures par jour durant six mois, il m’accompagnait selon les événements. Je suis très souvent entouré de photographes dans mon quotidien et lorsque l’on a affaire à des professionnels, on oublie qu’ils sont là. Ils ont une capacité à saisir les instants, tout en se rendant parfaitement invisibles. Cela a été le cas avec Nicolas Brodard.
Avez-vous vu le résultat de son travail?
Je n’ai pas demandé à le voir mais me réjouis de la sortie du livre. Le choix des images finales appartient au photographe; un homme politique ne doit aucunement interférer, encore moins s’il est lié au projet. J’ai vu néanmoins quelques images au fur et à mesure du travail. Elles avaient quelque chose de particulier, même si c’est mon quotidien qui s’affichait devant mes yeux.
▅