Le Temps

Trois questions à Marco Simeoni

- PAR S. G. PROPOS RECUEILLIS

Créée en 2010, la Fondation Race for Water s’est donné pour mission la préservati­on des océans en «développan­t des modèles sociaux et économique­s conférant une valeur aux déchets plastiques pour inciter à leur collecte». A sa tête, l’entreprene­ur et ingénieur vaudois Marco Simeoni.

On a beaucoup médiatisé des opérations visant à réduire les îles de plastique qui flottent sur les océans, tandis que vous, vous empoignez le problème à la source en cherchant notamment à transforme­r le plastique souillant les plages en énergie. Pourquoi personne n’y avait pensé avant?

Alors que c’est pourtant quelque chose de basique… Si on veut stopper une hémorragie, il faut aller à sa source. Dans les océans, 90% des plastiques coulent et ce qui reste en surface se décompose en microparti­cules; en ramasser des quantités insignifia­ntes coûte ainsi beaucoup d’argent et d’énergie. C’est quand même plus simple d’empêcher que les plastiques atteignent les voies d’eau et polluent les océans.

Mais quand on voit un président américain sans conscience écologique, une grande puissance comme la Chine qui pollue beaucoup et un continent africain qui a d’autres préoccupat­ions que de dépolluer son littoral, n’est-ce pas une mission quasi impossible?

Je ne pense pas, car l’homme a toujours au fond de lui de l’espoir. La situation est aujourd’hui très préoccupan­te, mais si Race for Water met autant de passion et d’énergie dans cette cause, c’est bien parce que je suis intimement convaincu qu’il faut faire quelque chose rapidement, et qu’on peut le faire, même si j’ai vu des choses immondes durant mes voyages. J’ai rencontré de nombreuses personnes qui ont comme moi envie de changer les choses. Et avec une personne plus une personne, une goutte plus une goutte, on arrive à un océan. La planète est notre bien le plus précieux, c’est triste de voir des gens ne penser qu’à court terme.

Quel est votre but à moyen terme? Qu’un maximum de lieux sensibles possèdent une de vos machines permettant de transforme­r les déchets plastiques en énergie propre?

La finalité, c’est en effet de pouvoir déployer un maximum de projets de valorisati­on des déchets en énergie. Ce que fait la fondation, c’est de la chirurgie de guerre. Dans un monde idéal, il faudrait pouvoir recycler le plastique plutôt que de le faire disparaîtr­e, mais il y a de telles quantités de déchets qu’il faut les traiter au plus vite. Et la façon la plus efficiente de le faire, c’est de les transforme­r en énergie. Dans le même temps, il faut par contre diminuer les quantités de plastique produites, réduire le packaging des biens de consommati­on. Il y a urgence. Actuelleme­nt, un poisson sur quatre a du plastique dans l’estomac.

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