L’OPEP et ses alliés s’accordent pour baisser leur production
Le cartel des pays producteurs et ses partenaires, Russie en tête, ont indiqué vendredi que leur extraction de brut allait baisser de 1,2 million de barils par jour. Ce recul pourrait toutefois ne pas suffire pour redresser les cours, selon un observateur
L’OPEP et ses alliés, dont la Russie, ont annoncé vendredi une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour dans l’espoir de redresser les cours, au terme de pourparlers marathon scrutés par le président américain Donald Trump.
Cet objectif, attendu fébrilement par les marchés, sera réparti à hauteur de 800000 barils quotidiens pour les quatorze pays du cartel et de 400000 pour ses dix partenaires dont la Russie, a précisé l’organisation lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à son siège de Vienne.
La réduction, correspondant à un peu plus de 1% de la production mondiale, est destinée à enrayer la chute des cours, qui ont dévissé de 30% en deux mois dans un contexte de surproduction chronique.
Cette évolution des prix satisfait les utilisateurs de carburant et le président Donald Trump attaché à ménager les consommateurs américains mais pas les producteurs eux-mêmes dépendants des revenus pétroliers.
L’accord conclu vendredi «devrait aider le marché à atteindre un équilibre plus tôt», a salué le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, dont le pays est le deuxième producteur mondial, reconnaissant que les discussions avaient été «complexes».
Il aura fallu deux jours aux différents poids lourds pour accorder leurs violons au sein de cette alliance nouée en 2016 entre l’OPEP et dix autres producteurs, dont la Russie qui est de loin le plus important.
Des négociations ardues
Une première journée de réunions, jeudi, s’était terminée sans annonce, laissant craindre un échec des discussions.
Les pourparlers butaient sur la répartition des quotas de baisse, les producteurs ayant tous des raisons, plus ou moins officielles, d’attendre des efforts de leurs partenaires.
La Russie estimait qu’il lui était «beaucoup plus difficile» de réduire son offre en plein hiver compte tenu des besoins du pays à cette période.
L’Arabie saoudite, troisième producteur mondial, doit pour sa part faire face à la pression américaine, à un moment où le royaume est affaibli par les répercussions diplomatiques de l’affaire Khashoggi.
Tenant d’une ligne dure, et rival géopolitique du royaume, l’Iran demandait à être exempté de toute baisse pour épargner son secteur pétrolier déjà affecté par les sanctions des Etats-Unis. Téhéran a annoncé vendredi avoir obtenu satisfaction.
Les prix du Brent, qui étaient passés sous les 60 dollars alors que les tensions entre Russie, Arabie saoudite et Iran paraissaient inextricables vendredi matin, avaient bondi de plus de 3 dollars quand de premières informations avaient fait état dans l’après-midi d’un accord du groupe de producteurs.
Un accord insuffisant?
La baisse de production de 1,2 million de barils par jour (mbj) pourrait toutefois «ne pas être suffisante pour éliminer la surabondance de pétrole sur le marché», a estimé Stephen Brennock, analyste chez PVM. «Une réduction de 1,5 mbj était nécessaire pour éviter une surproduction au premier semestre 2019. En conséquence, les prix devraient plutôt rester orientés à la baisse dans les mois à venir malgré la réaction spasmodique d’aujourd’hui» sur le marché, conclut-il.