La série «Au nom du père», arcanes danois
◗ En fait, Au nom du père (Ride upon the Storm, en titre international) commence comme Borgen: par un débat électoral. Dans la série politique de naguère, Birgitte Nyborg, présidente des centristes, affrontait son opposant sur un plateau TV. Dans Au nom du père, qu'Arte montre ces jours (et en rattrapage ou DVD), Johannes (Lars Mikkelsen), pasteur d'une paroisse de Copenhague, débat, de manière frontale et contradictoire, avec quelques adversaires, dont une femme qui, au final, le bat pour l'obtention du poste de responsable des églises de la ville.
Cette femme s'approche du charismatique fils de Johannes, August, lequel veut surtout accomplir son service militaire, quitte à être envoyé dans les troupes danoises au Moyen-Orient, dont il revient traumatisé. Pendant ce temps, le frère, vilain canard du clan, rate son diplôme académique. Il a même plagié.
Le scénariste et patron de restaurant Adam Price a conçu Au nom du père, et une fois encore, on est surpris. Borgen s'inspirait de la fiction politique américaine
A la Maison-Blanche, Adam Price ne s'en est jamais caché. Là, il propose un feuilleton plus marqué encore par les institutions danoises, et par celle qui est sans doute la plus sensible: la religion. Sensible, parce que le Danemark, comme tout autre pays moderne, vit à la fois le brassage des populations et le choc des extrémismes de la foi.
Au nom du père raconte les tensions croissantes entre le père, plongeant dans l'alcool après sa relégation, et les deux fils aux trajectoires si opposées. Entre ces histoires familiales livrées sans mode d'emploi, cette inscription dans des cadres institutionnels danois et la présence du spirituel, le feuilleton laisse les curieux se débrouiller. C'est exactement ce que certains ont pu craindre aux débuts de Borgen: cette histoire copenhaguoise ne dépassera jamais les rivages de ses canaux. On sait ce qu'il en a été.