La victoire des pôles inquiète
Si tous les partis gouvernementaux se déclarent officiellement satisfaits de la répartition des départements, en aparté plusieurs élus se déclarent «catastrophés»
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. A entendre les quatre partis gouvernementaux, tout le monde était content à l'annonce de la répartition des départements. L'UDC se réjouit d'avoir conquis l'Economie, le PLR se félicite que sa protégée Karin Keller-Sutter ait reçu un département «central» avec Justice et Police, le PDC salue le fait que Viola Amherd s'occupera du thème prioritaire qu'est la sécurité pour le PDC et le PS se dit satisfait de pouvoir peser sur la politique énergétique et climatique grâce à Simonetta Sommaruga.
«Intérêts partisans»
Au-delà de ces déclarations de façade, les avis sont beaucoup plus mitigés. «Les intérêts partisans l'ont emporté sur les intérêts globaux de la Suisse», regrette la cheffe de groupe des Vert'libéraux, Tiana Moser. Ainsi, pour le dossier européen, l'arrivée de l'UDC Guy Parmelin inquiète tous ceux qui souhaitent sortir de l'impasse des relations avec l'UE. L'ex-patron de la Défense doit en effet réunir les partenaires sociaux pour les inciter à se mettre d'accord sur la question des mesures d'accompagnement, de manière à conclure un accord institutionnel avec l'UE.
Or, le président du parti, Albert Rösti, ne voit pas du tout les choses ainsi. «Nous attendons de Guy Parmelin qu'il aille expliquer à Bruxelles que ce projet d'accord n'a aucune chance devant le peuple et que la Suisse doit rester souveraine sur la question de la protection des salaires tant que subsiste l'accord sur la libre circulation des personnes.» La polarisation de la politique
Ce lundi, l'UDC a retrouvé cette mine triomphale qu'on n'avait plus revue depuis les élections de 2015. «En pilotant les Finances et l'Economie, nous allons pouvoir faire une politique bourgeoise dans ces départements», a encore déclaré Albert Rösti. Dans les autres partis, certains visages étaient inquiets, parfois même consternés: «C'est une catastrophe pour la recherche suisse», a confié une élue du centre droit. «Comment un conseiller fédéral eurosceptique comme Guy Parmelin pourra-t-il se battre pour la participation de la Suisse aux programmes de recherche européens d'«Horizon Europe» de 2021 à 2027?» s'est-elle interrogée.
C'est un fait objectif: l'UDC et le PS dirigent désormais les quatre départements les plus lourds, pour ne pas dire les plus importants. «Cela va contribuer à polariser le jeu politique, alors qu'il fallait placer le PDC de Viola Amherd à un endroit stratégique pour qu'il puisse continuer à jouer son rôle de parti charnière au sein du Conseil fédéral», regrette pour sa part la présidente des Verts, Regula Rytz.
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