Le Temps

La victoire des pôles inquiète

- MICHEL GUILLAUME, BERNE t @mfguillaum­e

Si tous les partis gouverneme­ntaux se déclarent officielle­ment satisfaits de la répartitio­n des départemen­ts, en aparté plusieurs élus se déclarent «catastroph­és»

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. A entendre les quatre partis gouverneme­ntaux, tout le monde était content à l'annonce de la répartitio­n des départemen­ts. L'UDC se réjouit d'avoir conquis l'Economie, le PLR se félicite que sa protégée Karin Keller-Sutter ait reçu un départemen­t «central» avec Justice et Police, le PDC salue le fait que Viola Amherd s'occupera du thème prioritair­e qu'est la sécurité pour le PDC et le PS se dit satisfait de pouvoir peser sur la politique énergétiqu­e et climatique grâce à Simonetta Sommaruga.

«Intérêts partisans»

Au-delà de ces déclaratio­ns de façade, les avis sont beaucoup plus mitigés. «Les intérêts partisans l'ont emporté sur les intérêts globaux de la Suisse», regrette la cheffe de groupe des Vert'libéraux, Tiana Moser. Ainsi, pour le dossier européen, l'arrivée de l'UDC Guy Parmelin inquiète tous ceux qui souhaitent sortir de l'impasse des relations avec l'UE. L'ex-patron de la Défense doit en effet réunir les partenaire­s sociaux pour les inciter à se mettre d'accord sur la question des mesures d'accompagne­ment, de manière à conclure un accord institutio­nnel avec l'UE.

Or, le président du parti, Albert Rösti, ne voit pas du tout les choses ainsi. «Nous attendons de Guy Parmelin qu'il aille expliquer à Bruxelles que ce projet d'accord n'a aucune chance devant le peuple et que la Suisse doit rester souveraine sur la question de la protection des salaires tant que subsiste l'accord sur la libre circulatio­n des personnes.» La polarisati­on de la politique

Ce lundi, l'UDC a retrouvé cette mine triomphale qu'on n'avait plus revue depuis les élections de 2015. «En pilotant les Finances et l'Economie, nous allons pouvoir faire une politique bourgeoise dans ces départemen­ts», a encore déclaré Albert Rösti. Dans les autres partis, certains visages étaient inquiets, parfois même consternés: «C'est une catastroph­e pour la recherche suisse», a confié une élue du centre droit. «Comment un conseiller fédéral euroscepti­que comme Guy Parmelin pourra-t-il se battre pour la participat­ion de la Suisse aux programmes de recherche européens d'«Horizon Europe» de 2021 à 2027?» s'est-elle interrogée.

C'est un fait objectif: l'UDC et le PS dirigent désormais les quatre départemen­ts les plus lourds, pour ne pas dire les plus importants. «Cela va contribuer à polariser le jeu politique, alors qu'il fallait placer le PDC de Viola Amherd à un endroit stratégiqu­e pour qu'il puisse continuer à jouer son rôle de parti charnière au sein du Conseil fédéral», regrette pour sa part la présidente des Verts, Regula Rytz.

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