«Le football est souvent l’unique source de joie pour nombre de Sud-Américains»
Le célèbre commentateur uruguayen estime que la passion pour le ballon rond occupe un espace démesuré en Argentine comme chez ses voisins
Quel regard portez-vous sur les événements qui ont conduit à disputer cette finale à
Madrid? C’est une honte pour l’Argentine, le match n’aurait jamais dû se jouer ici. Cela restera un chapitre obscur de notre football. Les autorités nationales n’ont pas été capables d’assurer la sécurité de cette rencontre. J’étais triste lorsque la Conmebol a décidé d’organiser le match ici, mais si on fait le bilan, avec ce match plein d’émotions, on peut se dire que du ventre de la frustration est née la joie de cette belle soirée pour le football argentin.
Le football argentin ne traverse pas sa meilleure période… D’un point de vue purement sportif, ce n’est pas vrai, car deux équipes argentines viennent de jouer la finale la plus importante du continent après avoir éliminé des clubs brésiliens (Grêmio Porto Alegre pour River, Palmeiras pour Boca), l’autre grande puissance régionale, et les autres équipes restent loin derrière. Certes, entre le football européen et sud-américain il existe au moins une marge de différence, mais l’Argentine continue de dominer sur son continent.
Qu’avez-vous pensé de ce match? La première mi-temps a été épouvantable, mais le but de Boca en fin de première mi-temps nous a garanti une seconde partie plus animée. En effet, River n’avait pas d’autre choix que d’aller chercher l’égalisation et a donc dû se découvrir, laissant des espaces à Boca.
Il a beaucoup été dit que le perdant porterait éternellement le poids de cette
défaite… Dans le football, les retombées de la victoire sont largement inférieures à celles de la défaite. A moins que l’on ne vous offre une revanche immédiate. Mais ce ne sera pas le cas cette fois-ci. River ne va pas se priver de narguer Boca durant des années et des années en faisant référence à ce match.
VÍCTOR HUGO MORALES
L’Argentine ne souffre-t-elle pas d’une
obsession maladive pour la victoire? Pas seulement l’Argentine. Il serait bon que tous les peuples d’Amérique du Sud disposent d’autres objets de libido, d’un éventail plus large de satisfactions. Car pour une partie d’entre eux, le football est souvent l’unique source de joie dans leur quotidien. PROPOS RECUEILLIS PAR F. T.
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COMMENTATEUR SPORTIF
«Organiser ce match à Madrid restera une honte pour le football argentin»