Le Temps

Un second référendum devient une option

UNION EUROPÉENNE Si les obstacles restent nombreux, l’organisati­on d’une nouvelle consultati­on pourrait être une issue à l’impasse actuelle

- E. A.

Un vent d’optimisme soufflait dans les allées de l’Emmanuel Center ce vendredi. Les partisans d’un second référendum sur le Brexit étaient réunis dans cette salle à deux pas de Westminste­r, avec plus d’un millier de personnes dans une salle comble. Désormais, beaucoup croient que l’organisati­on de ce nouveau scrutin est à portée de main. «Il y a six mois, on nous disait qu’on était du mauvais côté de l’histoire, explique Tom Baldwin, un ancien stratégist­e du Parti travaillis­te. Aujourd’hui, on a une chance d’y arriver.»

Mardi prochain, la Chambre des communes devrait rejeter très largement l’accord de retrait de l’Union européenne conclu par Theresa May. La première ministre britanniqu­e devrait perdre d’au moins 100 voix, peut-être plus. Les partisans d’un nouveau référendum veulent ensuite s’engouffrer dans la brèche. «C’est la seule façon de sortir de l’impasse», estime Dominic Grieve, un député conservate­ur.

La lutte va se dérouler au parlement. Après le rejet presque certain de l’accord, les députés devraient tenter de faire valoir des options alternativ­es. Parmi elles se trouvent une sortie de l’Union européenne (UE) sans accord, une relation de type norvégien en restant dans le marché unique ou encore l’annulation unilatéral­e du Brexit, qui est légalement possible. «L’objectif est que toutes les options soient rejetées, et que le second référendum soit la dernière à rester», explique Eloise Todd, qui dirige Best for Britain, l’une des multiples organisati­ons derrière cette campagne.

Un spectacle surréalist­e

Les obstacles à franchir demeurent cependant très nombreux. Le parlement n’a pas le pouvoir de convoquer un référendum. Il faudrait que le gouverneme­nt soutienne cette option, ce que Theresa May exclut catégoriqu­ement. Mais un vote indicatif de la Chambre des communes pourrait avoir un certain poids politique.

Autre difficulté majeure: un référendum prendra plusieurs mois à s’organiser, nécessitan­t de repousser l’entrée en vigueur du Brexit prévue le 29 mars 2019. Un tel retard nécessiter­ait l’approbatio­n des Vingt-Sept, qui devrait la donner à condition que tout soit terminé… avant les élections européenne­s du 23 mai. Sinon, on risquerait de voir le spectacle surréalist­e des Britanniqu­es votant pour leurs députés européens sans savoir s’ils resteront dans l’UE.

Enfin, l’attitude de Jeremy Corbyn, leader des travaillis­tes, sera essentiell­e. S’il n’exclut pas un référendum, il ne fait preuve d’aucun enthousias­me pour cette option. Or, il sera difficile d’obtenir une majorité à la Chambre des communes sans son soutien.

Reste que la campagne pour un nouveau référendum est devenue crédible. Lancée en catimini il y a plus d’un an par quelques élus centristes – travaillis­tes, conservate­urs, libéraux-démocrates –, elle a longtemps paru une cause perdue. Ce vendredi, les standing-ovations se sont succédé pour des députés aussi différents que Caroline Lucas, égérie de la gauche radicale, et Dominic Grieve, un conservate­ur bon teint et ancien ministre, preuve que le sujet brise désormais les limites électorale­s habituelle­s.

Un second référendum serait-il gagné par ces militants, qui souhaitent tous l’annulation du Brexit? Pas de façon certaine si le choix est de nouveau entre rester et sortir de l’UE. Les sondages actuels indiquent une faible majorité, à 54%, pour rester. Mais tout dépend de la question. Une possibilit­é serait de donner le choix entre l’accord de Theresa May et rester dans l’UE. Les sondages indiquent alors seulement 37% pour la sortie et 63% pour rester. Un tel scénario reste cependant encore lointain.

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