Le Temps

La musique suisse en mode immersif

- PAR STÉPHANE GOBBO @StephGobbo

Le binaural, c’est simplement de la stéréophon­ie améliorée, affirmait l’autre jour Renaud Millet-Lacombe à l’antenne de Paradiso, l’excellente émission musicale de la RTS. L’ingénieur du son était pour une fois devant le micro, et non derrière, pour évoquer la websérie Immersif, produite par Couleur 3 et dévoilée sur YouTube à la veille de la veille de Noël. A savoir cinq capsules de six, sept minutes, qui nous plongent dans l’univers de musiciens suisses en utilisant les potentiali­tés du son binaural, ou, c’est plus parlant, du son 3D: il faut visionner

Immersif en branchant un casque à son ordinateur ou à son smartphone afin d’avoir l’impression que les sons viennent littéralem­ent de tous les côtés. Le résultat est bluffant, et je ne dis pas ça parce qu’aux côtés de Millet-Lacombe, l’auteur et réalisateu­r de cette série documentai­re n’est autre qu’Arnaud Robert, fidèle collaborat­eur du Temps.

En regardant Immersif, on entend la Genevoise d’adoption Danitsa évoquer ses racines métissées et son tropisme jamaïcain. Mais aussi le batteur Nelson Schaer expliquer comment son super-groupe L’Orage doit autant au free-jazz qu’au folklore malien, et le duo Peter Kernel s’amuser de faire ce qu’on leur a déconseill­é de faire: ne pas avoir d’emploi fixe et se dédier totalement à leur art. Ou encore le multi-instrument­iste Louis Jucker raconter comment il bricole des chansons suffisamme­nt souples pour s’intégrer dans n’importe quel environnem­ent sonore, et enfin la violoncell­iste Estelle Revaz parler de la fragilité de l’instant, des sentiments, de l’émotion, ainsi que de l’importance du silence qui succède à la musique.

Les vidéos sont courtes, mais elles suffisent pour pénétrer l’univers singulier de chaque artiste, appréhende­r leur démarche, comprendre ce qui les fait avancer. Et il y a donc ce son binaural. Quand les musiciens jouent dans un environnem­ent naturel, hors studio, nous arrivent toutes sortes de sons. Lorsqu’on découvre Estelle Revaz sur un alpage valaisan, et qu’à son violoncell­e plusieurs fois centenaire se mêlent le chant des oiseaux et la rumeur d’un bisse, on ressent une émotion qui d’habitude n’arrive que lorsqu’on écoute de la musique live. Il y a là quelque chose de quasi charnel.

Immersif fait partie de ces projets multimédia­s qui ouvrent de nouvelles pistes au journalism­e. A ce titre, excusez cette autopromo, avez-vous vu la websérie Rap suisse,

piste africaine, réalisée par Le Temps et qui raconte le voyage au Bénin des rappeurs genevois Di-Meh, Slimka et Pink Flamingo? Une autre preuve de la puissance cinégéniqu­e et narrative de la musique.

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