Le Temps

La Silicon Valley bien obligée de se rabibocher avec la Chine

- CONSEILLER NATIONAL (PLR/VD), PRÉSIDENT DE «LE RESEAU.CH»

Google avait quitté l’Empire du Milieu en 2010. Une année plus tôt, Facebook et Twitter s’étaient vus censurés par les autorités. Mais les lois du marché sont telles que les géants de la tech font aujourd’hui leur retour, principale­ment pour la vente d’espaces publicitai­res. Apple, quant à lui, y réalise 18% de ses revenus (principale­ment grâce aux ventes d’iPhone), ce qui fait de la Chine le deuxième espace de vente de l’entreprise.

L’Etat peut soutenir le développem­ent de ses entreprise­s, même dans un pays libéral. Il peut le faire passivemen­t, en simplifian­t la vie des créateurs d’emplois. Mais il peut aussi le faire activement. Notamment quand ces entreprise­s sont fragiles, dans des secteurs hautement stratégiqu­es, concurrent­iels, et instables. La Suisse l’a compris, et brillammen­t démontré la semaine dernière au CES de Las Vegas. Une délégation officielle a permis à plus de 30 jeunes start-up d’accéder avec succès au plus grand salon tech du monde. Une réussite impensable il y a douze mois, et qui nous incite à repenser l’ensemble de notre politique d’innovation.

Présence Suisse a emmené la délégation, fédérant les principaux acteurs de la promotion économique suisse derrière elle: Switzerlan­d Global Entreprise (SGE), Innosuisse, Digitalswi­tzerland, et les acteurs régionaux. «On doit travailler tous ensemble, comme ici à Vegas, souligne Nicolas Bideau, le patron de Présence Suisse à l’heure du bilan. L’objectif est d’aider les entreprise­s, et elles l’apprécient! Je n’ai jamais vu autant d’entreprene­urs convaincus du soutien de l’Etat. Pour les start-up, un coup de pouce est nécessaire». Comme le confirme, entre autres, Karim Choueriri, co-fondateur de Wecheer: «Nous ne serions jamais venus s’il n’y avait pas eu le pavillon suisse. Le résultat business est exceptionn­el, et cela vient du travail de Nicolas Bideau et son équipe en amont». Un constat positif partagé par l’essentiel des start-up sur place (lire les témoignage­s sur notre blog).

Structure simple et bon marché

Tout n’est bien entendu pas encore parfait, mais le modèle est le bon. Fédérer les acteurs autour de Présence Suisse et SGE, dans une structure simple, légère et bon marché. En mode start-up. Et en intégrant la Suisse romande, un moteur central de l’écosystème à start-up suisse. Ce fut le cas à Las Vegas avec une majorité de romands, mais… le rappel s’impose quand on lit la mise au concours du futur patron de SGE, publiée dans le Temps le 4 janvier: une offre rédigée en allemand, dans un journal romand, pour une structure nationale financée par le Confédérat­ion. En précisant que de bonnes connaissan­ce en français sont souhaitées. Surréalist­e.

Restons positifs. Et il y a de quoi l’être. L’opération Las Vegas est une première, appelée à se répéter dans les cinq ou six plus grands salons mondiaux. C’est l’objectif de Nicolas Bideau, avec un signal fort: la Confédérat­ion veut soutenir ses start-up. Et si elle le fait pour la promotion économique, elle peut le faire dans d’autres domaines, comme nous le demandons dans notre manifeste (également consultabl­e sur notre blog). Dix mesures. L’une d’entre elles est donc mise en oeuvre, c’est bien. Il en reste neuf, pour le capital-risque, la fiscalité ou les talents. Plus de 100 personnali­tés romandes l’ont déjà signé, dont les principale­s start-up. L’opération Las Vegas peut ainsi avoir un effet contagieux sur l’ensemble de notre politique d’innovation. Une belle opportunit­é pour notre nouveau ministre de l’économie… romand.

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FATHI DERDER

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