Les nouveautés du Consumer Electronics Show de Las Vegas
Téléphonie, voitures et bien-être ont été au coeur du salon de la technologie qui s’est terminé vendredi à Las Vegas
Elle devait être la star du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, celle dont tout le monde allait parler. La 5G n’a finalement été que cela, un sujet de discussion dans les allées du principal salon de la technologie au monde. Les dirigeants des opérateurs Verizon et AT&T ont bien évoqué le potentiel de la prochaine génération de téléphonie mobile, mais rien de concret ou de significatif n’a été présenté. Les infrastructures ne sont pas prêtes, les téléphones pas encore adaptés. Peut-être qu’il faudra attendre le Mobile World Congress, le grand rendez-vous consacré à la téléphonie le mois prochain à Barcelone, pour des annonces fracassantes.
Les visiteurs en quête de nouveautés exaltantes ont fait escale chez Royole. La société chinoise a mis au point un smartphone pliable, le FlexPai. Exaltant donc, mais pas forcément convaincant à l’usage. En matière d’écran, c’est LG qui a fait sensation avec son téléviseur OLED 65 pouces s’enroulant dans sa base et son immense mur d’écrans incurvés donnant l’impression de traverser une cascade.
Taxi volant
Autre aimant à selfies: le Bell Nexus. Uber a demandé au constructeur d’hélicoptères (celui qui a conçu notamment le modèle utilisé dans la série des années 80 Supercopter) de développer son futur taxi volant. La cabine ressemble à celle d’un hélicoptère mais les six énormes hélices en font un engin digne d’un film de science-fiction. Plusieurs fois par jour, face à une foule fascinée, le Nexus a fait pivoter ses «pods» d’une position horizontale (pour le décollage) à verticale (pour la poussée). Il ne devrait pas voler avant 2025, plus tard que ce qu’ambitionnait Uber.
Dans la section drones, très vaste cette année, Electrafly et le Hoverbike (150000 dollars plus 10000 dollars pour une formation obligatoire), sortes de motos à hélices, ont également fait chauffer les appareils photos, même s’ils sont restés au sol (Electrafly n’a encore jamais volé avec un humain à bord). Nettement moins spectaculaire, le petit drone Selfly s’est distingué par son ingéniosité: il tient dans une coque de téléphone portable.
Harley-Davidson se met à l’électrique
A défaut de voler, Hyundai marche. Son concept-car Elevate est capable de ramper et de grimper. Sur une animation 3D en tout cas. Le modèle à taille réelle n’existe toujours pas. La firme coréenne a simplement dévoilé une maquette accompagnée d’un robot aux jambes articulées. A terme, Elevate pourrait aider les secours à atteindre des zones difficiles d’accès, après un tremblement de terre par exemple.
Le salon automobile de Detroit démarre aujourd’hui mais le CES reste un tour de chauffe incontournable pour les constructeurs. BMW a présenté sa moto autonome R 1200 GS pendant que Harley-Davidson dévoilait sa première moto électrique (et silencieuse), la LiveWire, avec 177 kilomètres d’autonomie et une arrivée sur le marché à l’été. Audi a plutôt mis l’accent sur ce qui se passe une fois que le conducteur devient passager. Son système Holoride transforme l’habitacle en salle de jeux. La start-up chinoise Byton, relativement méconnue, a surpris avec le M-Byte, un SUV électrique où un écran occupe l’intégralité du tableau de bord. Vibromasseur persona non grata
La technologie n’en finit plus de se mettre au service du bien-être et de la santé (25% d’exposants du secteur en plus cette année). La Y-Brush, brosse à dents française en forme de Y permettant de se laver les dents en dix secondes, la baignoire intelligente de Toto recréant la sensation d’apesanteur pour favoriser la méditation ou le Opté Precision Skincare System de Procter & Gamble (première au CES pour le géant américain), un accessoire de beauté laissant une peau impeccable, ne sont que quelques exemples de cette tendance.
Mais si on veut bien voir dans la sextech une sous-catégorie de la santé digitale, la Consumer Technology Association (CTA), qui organise le CES, a commis un gros impair. Osé, un vibromasseur connecté développé en partenariat avec le département robotique de l’Université d’Oregon State n’a pas eu droit de cité sur les allées. Il avait pourtant reçu un prix de l’innovation. La CTA a changé d’avis, qualifiant l’objet d’«obscène» et d’«immoral».
Sur Twitter, le hashtag #CESgenderbias a invité à se demander en quoi un outil du plaisir féminin était plus «obscène» que le strip-tease en réalité augmentée proposé lors de ce même salon par Naughty America, une société de production de films pornographiques. Cette décision polémique a fait de l’ombre à une initiative plus louable. La CTA va créer un fonds de 10 millions de dollars pour investir dans des start-up fondées par des femmes et des entrepreneurs issus de minorités. Les deux groupes ont un accès limité à l’argent des capital-risqueurs.
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