Le syndrome de «Diogène numérique» nous guette
Avec l’augmentation de la capacité de stockage de nos appareils et les possibilités de sauvegarde dans le cloud, nous conservons facilement des milliers de courriels, de photos et de documents, tant professionnels que privés. A titre d’exemple, l’internaute moyen reçoit en moyenne 39 emails par jour, soit 14 235 par an et prend 2184 photos chaque année.
Mais celui qui passe des heures chaque jour à organiser ses fichiers au lieu de vivre sa vie, pourrait être atteint du syndrome de «Diogène numérique», un trouble du comportement qui consiste à accumuler des biens numériques et passer son temps à les classer.
Le terme «Digital Hoarder» a été utilisé pour la première fois en 2015 dans un article scientifique pour décrire un homme de 47 ans aux Pays-Bas qui prenait plusieurs centaines de photos au quotidien et passait des heures à les traiter. Il n’a jamais utilisé ou même regardé les images qu’il sauvegardait, mais il était convaincu qu’elles pourraient servir un jour. «Le fait de traiter tous ses fichiers électroniques l’a empêché de faire d’autres choses, comme nettoyer sa maison, sortir ou même dormir, et l’a mis dans un état de grande anxiété», selon le Dr Martine van Bennekom, psychiatre et auteur du rapport, sur le site d’actualités Live Science.
A l’heure actuelle, ce syndrome n’est pas un trouble inclus dans le DSM, le manuel de référence pour diagnostiquer les maladies mentales – le cas néerlandais étant le seul documenté. Mais il a interpellé assez de monde pour avoir une entrée dans Wikipédia et fait réfléchir les psychiatres, car numériser les avoirs papier était justement une des recommandations qu’ils donnaient à leurs patients «Diogène classique» pour les aider à désencombrer leur domicile.
Nous amassons tous de vastes quantités de données, mais comme elles n’occupent pas d’espace temporel, nous ne les percevons pas comme encombrantes. Les raisons invoquées pour ne pas les effacer – surtout les courriels – sont la paresse pure, le fait de penser qu’ils pourraient s’avérer utiles un jour ou qu’ils détiennent des renseignements importants. Tous des raisons parfaitement valables, mais qui font que nous gardons des milliers de documents inutilement, que nous ne reliront probablement jamais.
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