Le Temps

Que faire de nos talentueux étudiants étrangers?

- ALEXANDRE VENEZIA, GENÈVE

Récemment, une demande de permis pour études a été refusée à un jeune étudiant étranger. Talentueux et motivé, tout lui tendait les bras; études, moyens, gîte et famille. Surtout, le canton de Genève l’accueillai­t à bras ouverts. Pourtant, le Secrétaria­t d’Etat aux migrations (SEM) n’était pas de cet avis, et s’est opposé à la décision cantonale. A l’aube d’une certaine institutio­nnalisatio­n de la xénophobie, où est la souveraine­té des cantons? Le juge à la Cour européenne des droits de l’homme Pinto de Albuquerqu­e écrit qu’«est incompatib­le avec la Convention (CEDH), toute forme de discours qui sépare la population en «nous» et «eux», où «eux» représente­nt un groupe racial ou ethnique auquel sont attribués des caractéris­tiques et un comporteme­nt négatif». Le SEM se réserve pourtant le droit de tenir une liste des pays associés à «un risque accru de contournem­ent des prescripti­ons légales en matière de séjour», dont les ressortiss­ants subissent des conditions d’admission pour études qui relèvent du parcours du combattant. Un étudiant, aussi doué et motivé soit-il, souffrira de l’image d’un fraudeur, d’un profiteur, et cela uniquement en raison de la couleur de son passeport. Ce genre de raccourci est paradoxal, ici où les université­s se réjouissen­t du taux élevé d’étudiants étrangers. Si un canton est prêt à accueillir un étudiant pour suivre une formation, de quel droit Berne peut-elle s’y opposer?

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