Que faire de nos talentueux étudiants étrangers?
Récemment, une demande de permis pour études a été refusée à un jeune étudiant étranger. Talentueux et motivé, tout lui tendait les bras; études, moyens, gîte et famille. Surtout, le canton de Genève l’accueillait à bras ouverts. Pourtant, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) n’était pas de cet avis, et s’est opposé à la décision cantonale. A l’aube d’une certaine institutionnalisation de la xénophobie, où est la souveraineté des cantons? Le juge à la Cour européenne des droits de l’homme Pinto de Albuquerque écrit qu’«est incompatible avec la Convention (CEDH), toute forme de discours qui sépare la population en «nous» et «eux», où «eux» représentent un groupe racial ou ethnique auquel sont attribués des caractéristiques et un comportement négatif». Le SEM se réserve pourtant le droit de tenir une liste des pays associés à «un risque accru de contournement des prescriptions légales en matière de séjour», dont les ressortissants subissent des conditions d’admission pour études qui relèvent du parcours du combattant. Un étudiant, aussi doué et motivé soit-il, souffrira de l’image d’un fraudeur, d’un profiteur, et cela uniquement en raison de la couleur de son passeport. Ce genre de raccourci est paradoxal, ici où les universités se réjouissent du taux élevé d’étudiants étrangers. Si un canton est prêt à accueillir un étudiant pour suivre une formation, de quel droit Berne peut-elle s’y opposer?