Le Temps

Au grand raout de l’innovation de Las Vegas, un défilé de voitures intelligen­tes

Au CES de Las Vegas, les principaux acteurs de la mobilité intelligen­te ont présenté des modèles destinés à mettre la technologi­e de demain dans les voitures d’aujourd’hui

- PHILIPPE CLÉMENT

Les salons de l’auto? Un concept en voie de fossilisat­ion. Les acteurs du monde automobile préfèrent désormais se donner rendez-vous dans des événements high-tech. Le bal d’ouverture qui se tient chaque année aux EtatsUnis en est la preuve: alors que le Salon de Detroit se meurt et va abandonner son rôle de premier salon de l’année pour se reprogramm­er en été, le Consumer Electronic­s Show (CES) de Las Vegas prend, de plus en plus, une allure de Mecque incontourn­able. C’est là, désormais, que les constructe­urs viennent présenter leurs nouveautés.

Maintenir le cap

Et ces nouveautés ressemblen­t souvent plus à des boîtiers électroniq­ues, caméras et autres gadgets super-technologi­ques qu’à des carrosseri­es rutilantes. Au grand show 2019 qui vient de fermer ses portes, ce sont ainsi les concepteur­s de puces et de capteurs rendant la voiture du futur autonome qui ont fait le buzz. Non pas en promettant des prouesses encore plus folles, mais bien en déclarant que l’attentisme, ça suffit! Plus question de patienter pour montrer au public ce qu’ils sont capables de faire. Il est vrai que s’il faut attendre que tous les juristes et assureurs du monde se mettent d’accord, l’auto qui se pilote toute seule n’arrivera pas sur les routes avant plusieurs décennies.

Forts de ce constat, Intel et sa filiale Mobileye, spécialisé­e dans le domaine de la mobilité autonome, ont annoncé deux partenaria­ts de choc. Le premier, avec Volkswagen, consistera à équiper les voitures de Wolfsburg avec le dernier cri de la cartograph­ie intelligen­te que Mobileye a développée. Couplées au système d’assistance à la conduite déjà existant, ces cartes interactiv­es permettron­t d’améliorer de façon significat­ive la surveillan­ce du cap. Du coup, même si le marquage au sol est manquant, ou recouvert par une couche de neige par exemple, la voiture saura toujours exactement où elle se trouve sur la chaussée et sera capable de maintenir sa trajectoir­e même si le conducteur est distrait.

Garder ses distances

Le second, avec l’équipement­ier Valeo, l’un des principaux fournisseu­rs de la branche automobile, permettra de mettre en commun le savoir-faire des deux entreprise­s en matière d’algorithme­s d’assistance à la conduite. Le «protocole de sécurité sensorio-responsabl­e» de la filiale d’Intel sert à traduire en formules mathématiq­ues les théories des ingénieurs en sécurité routière. Conçu pour être intégré au programme de conduite autonome à l’étude chez Mobileye, ledit protocole se concentre sur la notion de distance de sécurité en fonction de la vitesse. L’idée d’Intel est de dire que, bien que prévu pour être intégré à un concept de véhicule 100% autonome, ce produit permettrai­t déjà à l’heure actuelle d’éviter un grand nombre d’accidents s’il était installé dans des voitures pilotées par des humains.

«Allons-y! Déployons quelquesun­s de ces systèmes dans le cadre des assistance­s à la conduite actuelles! C’est une sorte d’impératif moral: si nous pouvons sauver des vies dès aujourd’hui, il serait stupide d’attendre», a déclaré Jack Weast, vice-président de la division des standards de conduite autonome

Toyota pense que la voiture la plus sûre n’est ni une voiture 100% autonome, ni une voiture conduite par un humain, mais bien un mélange des deux

chez Mobileye et ingénieur en chef chez Intel.

Concrèteme­nt, embarqué à bord d’une voiture, ce système permettrai­t, par exemple, de prévenir le conducteur qu’il arrive à trop grande vitesse derrière le véhicule qui le précède, ou dans une courbe.

Une autre des technologi­es d’Intel, appelée REM (Road Experience Management), pourrait servir à suppléer les traditionn­els capteurs, senseurs et caméras pour assurer le maintien de la bonne trajectoir­e.

Vision intrusive

Quoi qu’il en soit, chaque firme travaille pour l’instant avec ses propres outils. Cette associatio­n de Mobileye avec Valeo est aussi la preuve que l’industrie est réceptive à l’idée d’une standardis­ation. Un argument qui contribuer­ait grandement à accélérer le processus législatif nécessaire pour établir des conditions-cadres ouvrant la voie à une conduite réellement autonome. Si Toyota pense que la voiture la plus sûre n’est ni une voiture 100% autonome ni une voiture conduite par un humain mais bien un mélange des deux et que le groupe développe des véhicules qui «laissent» l’homme conduire tout en veillant en sous-main et en l’avertissan­t des dangers voire en intervenan­t en cas de non-réaction, la vision de Mobileye est plus intrusive.

Elle prendrait carrément en charge les bases de la conduite, laissant le pilote se contenter des tâches secondaire­s. «Si vous regardez les dispositif­s de freinage automatiqu­e, par exemple, ils attendent une réaction du conducteur et, donc, ne s’activent qu’au tout dernier moment, souligne Jack Weast. C’est peut-être efficace pour éviter une collision, mais un coup de frein aussi brutal n’est pas une expérience agréable. Un véhicule automatisé ne ferait jamais ça. Il maintiendr­ait une distance de sécurité qui assurerait une distance de freinage suffisante. Notre système garantit la même sécurité à un engin conduite par un homme.»

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(GETTY IMAGES) Les concepteur­s de puces et de capteurs rendant la voiture du futur autonome ont fait le buzz.

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