RJ-Romain Jerome a fait sa révolution copernicienne en 2018
Nouvelle collection, nouveau mouvement, nouveaux employés… Le patron, entré en fonction l’an dernier, a tout changé chez l’horloger genevois
En douze mois, Marco Tedeschi n'a perdu ni son sourire ni sa bonne humeur. Il y a exactement une année, le patron de RJ-Romain Jerome prenait ses fonctions le jour même de l'ouverture du Salon international de la haute horlogerie (SIHH). Lundi, alors que s'ouvraient les portes de la 29e édition du SIHH, le plus jeune directeur des marques présentes au salon (33 ans) apparaissait toujours aussi enthousiaste.
Nouvelle collection, nouveau stand, nouveau calibre, 22 nouveaux employés (sur 26 au total)… En une année, Marco Tedeschi n'a pas chômé. «C'est une nouvelle marque», confirme-t-il avec bonne humeur. L'entreprise genevoise, connue notamment pour ses partenariats avec Marvel ou DC Comics, a réalisé une révolution copernicienne. «La culture a complètement changé. Nous ressemblons davantage à une start-up», affirme l'intéressé dans son stand genevois, imaginé comme une navette spatiale.
Légitimité horlogère
La plus grande nouveauté est peut-être l'ouverture récente d'une petite unité de production (six employés, deux machines-outils à commande numérique) basée à Eysins (VD), à côté de Nyon. «Nous voulions créer des produits manufacture, être plus créatifs et plus flexibles.» Une entreprise qui n'a produit que 1000 pièces l'an dernier (et en prévoit 1200 cette année) peut-elle se permettre un tel investissement? «Nous travaillons également dans la sous-traitance et avons des clients qui viennent d'autres industries comme la lunetterie ou la biotech…»
RJ-Romain Jerome, dont les montres peuvent s'acheter dès 9900 francs, misait jusqu'alors sur deux piliers: les montres «ADN» (dans lesquelles on trouvait par exemple des morceaux du Titanic ou du célèbre volcan islandais) et les montres «collaborations» (Pacman, Super Mario, Batman, etc.). «Il nous manquait une légitimité horlogère», soutient Marco Tedeschi. Jusqu'ici, la marque comptait alors sur des fournisseurs tiers comme Concepto Watch pour ses mouvements mécaniques. Il rigole: «Ce nouveau mouvement me permettra de ne plus jamais devoir répondre à la question «Pourquoi vos montres Pacman coûtent-elles 14900 francs?»
Ces nombreux investissements ont pesé sur les comptes de l'entreprise, dont le chiffre d'affaires tourne autour des 10 millions de francs. «Nous ne sommes pas encore rentables, mais ce n'est pas ma mission à court terme. J'ai dû faire un grand ménage sur les marchés, notamment des rachats de stocks», soutient Marco Tedeschi. D'un commun accord avec le propriétaire, le prince saoudien Fahd al-Saoud, l'objectif de rentabilité a été fixé à 2020. Avec ce dernier, la relation est «au beau fixe». «Alors que j'ai repris une marque vieillissante, RJ-Romain Jerome est maintenant jeune, dynamique et représentée chez les principaux détaillants comme, en Suisse, Les Ambassadeurs… Les résultats sont là.»
En une année, ce jeune père de deux enfants n'a à aucun moment regretté d'avoir quitté Hublot, son précédent employeur. Engagé à l'époque par Jean-Claude Biver, il y occupait le poste de directeur du marché moyen-oriental. «J'ai eu un pincement au coeur pendant la Coupe du monde [ndlr: dont Hublot est l'un des principaux sponsors], mais je ne regrette pas d'avoir fait ce choix. Là, je peux maîtriser l'entier de la chaîne…»
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