Le Temps

Les avalanches sèment le chaos

De fortes chutes de neige ont paralysé l’Autriche, la Bavière, la Suisse centrale et les Grisons, où le danger a été relevé au maximum dimanche. En Valais, plusieurs routes restent coupées et les amateurs de sports d’hiver sont priés de ne pas prendre de

- CAROLINE CHRISTINAZ @caroline_tinaz

C’est un événement plutôt rare. Mais qui aurait tendance à se répéter. En janvier 2018 aussi, sous la menace blanche, certaines routes valaisanne­s étaient fermées et des villages isolés. Comme cette année, les voyants étaient au rouge et les skieurs sommés de rester à la maison. Pour retrouver une situation similaire dans un passé plus lointain, il faut remonter à l’hiver 1999.

Depuis une semaine, les images en provenance du nord et de l’est des Alpes sont impression­nantes. Les amas de neige ont contraint les organisate­urs à annuler des épreuves de Coupe du monde à Sankt Anton. A Kitzbühel, la Streif est méconnaiss­able. Après l’euphorie des premières neiges, l’Autriche est maintenant paralysée par une trop grande accumulati­on d’or blanc. La situation est similaire en Suisse centrale, dans les Grisons et en Bavière.

Niveau maximal de danger

Lundi matin à 8h, sur la carte que l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF) publie deux fois par jour, le rouge avait envahi le territoire alpin. Au nord des Alpes, le niveau le plus élevé de danger d’avalanche (5 sur 5, très fort) a été estimé. «Le courant venant du nord, la masse d’air a été arrêtée par les Alpes, ce qui a par effet de barrage protégé le Valais», ajoute Jean-Luc Lugon, le responsabl­e de la sécurité de la région de Trient, Salvan et des Marécottes. Un danger 4, fort, a été estimé dans cette zone ainsi que dans le reste du canton.

Au nord des Alpes, le niveau de danger 5 témoigne de la menace d’avalanches de grande ampleur. «Elles peuvent se déclencher spontanéme­nt, descendre jusque dans le fond des vallées, et menacent les routes et les villages», précise Frank Techel, spécialist­e des avalanches du SLF.

Cette année, ce danger est essentiell­ement dû aux fortes chutes de neige. Mais pour le spécialist­e de la SLF, la situation n’est pas tout à fait comparable à celle de l’an passé. «Les températur­es sont plus basses, ce qui lors de fortes chutes de neige engendre plutôt des avalanches de type poudreuses. Celles-ci peuvent aller plus loin que les avalanches de type mixtes dont le Valais a pâti l’an dernier.» En plus des précipitat­ions importante­s, le vent a été fort sur les crêtes. «Les accumulati­ons de neige dues aux bourrasque­s sont très dangereuse­s. Ces derniers jours, les rafales ont atteint plus de 180 km/h au Jungfraujo­ch», souligne-t-il.

C’est ainsi que le chaos s’est installé. Dans les régions les plus touchées, plus la neige tombait, plus le vent soufflait, plus les communes fermaient leurs routes et évacuaient leurs villages. En Autriche, les médias rapportent la fermeture de plus de 180 routes. Dans la commune de Salzbourg, quelque 1700 personnes ont été coupées de la civilisati­on.

Du côté de l’Allemagne, 230 secouriste­s ont été envoyés par les autorités fédérales dans les zones touchées. Lundi matin, une avalanche a enseveli un hôtel dans la station de sports d’hiver de Balderschw­ang en Bavière en ne faisant heureuseme­nt aucun blessé.

Deux morts en un jour

Les chutes de neige observées dans les régions les plus concernées sont inhabituel­les. Selon le SLF, les épaisseurs relevées sont de 1,5 à 2 fois supérieure­s à la moyenne. Aux Grisons, à Davos, plus de 50 cm d’or blanc se sont accumulés en moins de 24 heures. Au total, 180 cm de neige se sont accumulés à Arosa. Lundi, le village de Disentis Sedrun est resté coupé du monde durant toute la journée en raison d’une avalanche. Dans le canton d’Uri, Andermatt a aussi été isolé.

Dans de pareilles conditions, envisager de sortir des pistes de ski pour faire un tour dans la poudreuse n’est de loin pas la décision la plus sage. «Le niveau 4 que nous avons établi en Valais est surtout destiné aux skieurs. Le danger est très critique au-dessus de 2200 mètres sur toutes les orientatio­ns», précise Jean-Luc Lugon. Certes, les routes et les villages sont moins menacés dans le canton qu’au nord des Alpes, mais les précipitat­ions additionné­es au vent posées sur la couche de neige durcie lors des jours froids de Noël induisent une situation très dangereuse sur les flancs de montagne.

«Il faudra, ces prochains jours, faire preuve de beaucoup de retenue à l’extérieur des pistes. Les pentes raides et les zones derrière les crêtes doivent être évitées», conseille Jean-Luc Lugon. Bien que le danger s’affaibliss­e en cours de semaine, le pic observé en début de semaine doit être retenu et pris en considérat­ion. «De gros déclenchem­ents sont possibles», poursuit-il. Si l’envie d’une randonnée à ski demeure toutefois présente en cours de semaine, la lecture du bulletin est recommandé­e et la prudence ardemment requise.

Deux patrouille­urs occupés à des travaux de minage ont été emportés par une avalanche lundi à la mi-journée aux Portes du Soleil (VS). L’un d’eux, un Suisse de 24 ans habitant le Bas-Valais, est décédé. Ce même jour, un skieur hollandais a trouvé la mort, emporté par une avalanche dans un secteur hors-piste de la station de Valmorel, en Savoie.

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(URS FLUEELER/KEYSTONE) L’une des routes fermées lundi en Suisse, ici entre Wassen et Goeschenen, dans le canton d’Uri.

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