Le Temps

Trois Suisses et un chemin de croix

On attendait Roger Federer et Belinda Bencic, moins Henri Laaksonen. Les trois se sont qualifiés pour le deuxième tour. Andy Murray est parti en beauté

- L. FE

La mémoire du sport se nourrit de grands et de petits moments, d’anecdotes et de morceaux de bravoure. La première journée de l’Open d’Australie 2019 a proposé deux séquences que l’on retiendra, l’une avec le sourire, l’autre avec émotion. La mésaventur­e de Katie Boulter est à garder pour les rubriques OMG ou WTF, autrefois appelées bêtisier. A 7-4 dans le tiebreak du troisième set de son match face à la Russe Ekaterina Makarova, la Britanniqu­e serra le poing, lâcha un cri de victoire et monta au filet serrer la main de son adversaire, qui persistait à demeurer en fond de court.

Le temps de se souvenir que l’on joue désormais à Melbourne un «super tie-break» jusqu’à 10 points, Boulter reprit ses esprits et sa raquette et acheva le travail (10-6). Moins drôle, la sortie de piste d’Andy Murray. Programmé dans la Melbourne Arena, le troisième court en importance, le match avait attiré tout ce que Melbourne compte de descendanc­e écossaise et rempli la loge comme pour un jour de finale. Comme expliqué vendredi dans une conférence de presse déchirante, ses douleurs à la hanche lui interdisai­ent tout espoir de victoire face au très solide Espagnol Roberto Bautista Agut. Mais pas d’y croire, ni de faire durer le plaisir/ supplice au-delà des quatre heures de jeu. Rapidement mené deux manches à rien, Murray, qui boitait entre les points comme une femme ayant cassé un talon, arracha deux tie-breaks dans de grands rugissemen­ts. Ses limites physiques se rappelèren­t à lui dans le cinquième set (6-4 6-4 6-7 6-7 6-2) mais l’Ecossais avait déjà gagné la partie. «Si ça doit être mon dernier match, quelle belle manière de partir», lança-t-il avant de quitter le court, peut-être pour de bon.

Première pour Laaksonen

Roger Federer, lui, est encore là pour un moment. En night session, le Bâlois n’a aucun problème, ni aucune balle de break, pour clouer l’Ouzbek Denis Istomin en trois sets (6-3 6-4 6-4). Federer, qui affrontera le Britanniqu­e Daniel Evans au deuxième tour, est apparu en jambes, frappant bien la balle (52 coups gagnants) et quasi impassable à la volée. Ce n’était «que» Denis Istomin, mais Roger Federer a besoin de ce genre de match pour se régler. On l’a même vu tenter quelques service-volée qui pourront dépanner plus tard. «Je suis très content de mon service, et surtout de ma deuxième balle, expliqua-t-il après la partie. Quand vous avez confiance en votre deuxième balle, vous tentez un peu plus sur la première [14 aces].»

Un peu plus tôt dans l’après-midi, deux compatriot­es s’étaient qualifiés, dans des matchs assez semblables et disputés en parallèle. Sur le court No 12, Henri Laaksonen a passé pour la première fois un premier tour en Grand Chelem en dominant le Bosnien Mirza Basic (6-4 7-6 4-6 6-3). «J’ai très bien servi tout au long du match, cela m’a permis de tenir lorsque mon adversaire a commencé à mieux jouer», se félicitait le discret Schaffhous­ois, que le public suisse suit essentiell­ement en Coupe Davis lorsque Federer et Wawrinka font défaut. Au prochain tour, il défiera, sans doute sur un grand court, le jeune prodige australien Alex De Minaur (19 ans), vainqueur samedi de son premier titre ATP à Sydney. Sans crainte. «En Coupe Davis, j’ai l’habitude des ambiances hostiles. Et puis, entre les Interclubs en Finlande [le pays de sa mère], les Championna­ts de Suisse à Davos et les qualificat­ions ici à Melbourne, j’ai déjà pu jouer beaucoup de matchs.»

Sur le court d’à côté, le 13 a porté chance à Belinda Bencic, qui a éliminé en trois manches mais sans trop de frayeur la Tchèque Katerina Siniakova (6-4 2-6 6-3). Sur la lancée de sa victoire en Hopman Cup (associée à Roger Federer) et de sa demi-finale la semaine passée à Hobart, la Saint-Galloise n’a pas de raison de craindre sa prochaine adversaire, la Kazakhe Yulia Puntintsev­a (39e mondiale).

Avant cela, mardi (tôt le matin en Suisse), les quatre autres Suisses engagés entreront dans le tournoi. Si Stan Wawrinka devrait se sortir du piège du fantasque Ernests Gulbis, les trois Suissesses ne seront pas favorites face à trois têtes de série: Timea Bacsinszky face à la Russe Daria Kasatkina (No 10), Stefanie Voegele contre la merveilleu­se Tawaïnaise Hsieh Su-Wei (No 28) et Viktorija Golubic face à l’Ukrainienn­e Elina Svitolina (No 6).

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