Le Temps

Et si on interdisai­t les 4x4 en ville?

- MARIE-PIERRE GENECAND

Les gros 4x4 et autres SUV se vendent de plus en plus en Suisse. Dans les régions de montagne, ce choix peut se justifier. Mais en ville? Comment les citadins peuvent-ils se laisser tenter par ces engins XXL, hyper-pollueurs, alors que la planète se meurt? Le coup de griffe de notre chroniqueu­se MariePierr­e Genecand.

Lors du récent réveillon, j’ai eu ce rêve. Et si, en 2019, les villes suisses interdisai­ent les 4x4 et autres SUV «hénaurmes» dans leurs murs? Et si, soutenues par les cantons et la Confédérat­ion, car la circulatio­n dépend de ces pouvoirs, les municipali­tés les plus courageuse­s disaient stop à ces chars d’assaut qui ne sont clairement pas dimensionn­és pour leurs chaussées? D’ailleurs, petite question subsidiair­e: comment des citadins peuvent-ils encore acheter de tels tanks, hyper-pollueurs, alors que la planète se meurt? Je ne pose pas la question aux montagnard­s, qui doivent rouler dans des conditions bien plus sportives. Et je ne pose pas non plus la question aux constructe­urs, car, comme le profit est leur seul moteur, du moment qu’il y a des clients, l’offre suit logiquemen­t son cours. D’autant que les «amendes», sorte de taxe pollution, sont ridiculeme­nt peu élevées, comme le rappelait un sujet du 19h30 de la RTS, mercredi dernier. Papier télé qui nous apprenait par ailleurs que 49% des véhicules vendus en Suisse en 2018 étaient des 4x4. Pratiqueme­nt la moitié. Ça fait mal à la planète, non?

J’avais donc ce rêve, au milieu des bulles de champagne et des déhanchés secoués, de voir nos villes – allez, Genève pour commencer! – débarrassé­es de ces affreux panzers arrogants et pollueurs. Et puis, j’ai fait comme de nombreuses personnes de ma génération: j’ai rangé mon rêve dans un carton. Et j’ai continué à rouler bravement à vélo au milieu de ces dangers publics qui, techniquem­ent, vu leur gabarit, ont du mal à calculer les cyclistes et les piétons. Mais les choses changent. La nouvelle génération descend dans la rue pour le climat et, de la même manière que les compagnies d’aviation low cost sont montrées du doigt – à Carouge, près de Genève, les élus verts refusent de prendre l’avion pour aller à Lisbonne en avril avec leurs collègues du conseil municipal – il est temps de relancer le débat sur le bien-fondé des grosses cylindrées en ville. Ces véhicules sont des aberration­s en termes de volume et d’émissions toxiques, tout le monde en convient. Sans compter la place dingue que prennent ces monstres dans les parkings. Un autre sujet de la RTS parlait même récemment de la revendicat­ion d’une associatio­n de redimensio­nner la chaussée pour intégrer ces nouveaux géants:

La seule arrogance de leur propriétai­re doitelle justifier le maintien de ces véhicules XXL en ville? Je ne le pense pas. D’ailleurs, tout bien considéré, mon rêve n’était pas un rêve, c’est une revendicat­ion logique et légitime.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland