Le Temps

Une guerre des Roses en fief neuchâtelo­is

Qui de Martine Docourt Ducommun ou de Silvia Locatelli succédera cet automne à Didier Berberat au Conseil des Etats? La concurrenc­e interne entre les deux femmes socialiste­s promet d’électriser la campagne électorale du canton

- YAN PAUCHARD @YanPauchar­d SILVIA LOCATELLI

Martine Docourt Ducommun (à g.) et Silvia Locatelli. Pour la succession de Didier Berberat au Conseil des Etats, le Parti socialiste neuchâtelo­is a opté pour un double ticket féminin avec deux personnali­tés d’expérience.

tNeuchâtel vivra-t-il sa guerre des Deux-Roses? En ce début d’année d’élections fédérales, les regards se tournent en effet vers les socialiste­s et le duel qui s’annonce pour la course au Conseil des Etats entre les deux candidates du parti, Martine Docourt Ducommun et Silvia Locatelli. Cette concurrenc­e interne promet d’électriser encore davantage une campagne électorale dans un canton marqué par le départ de trois sortants sur six.

Pour rappel, Neuchâtel est le seul canton avec le Jura à élire ses conseiller­s aux Etats selon le mode proportion­nel. Un système qui assure de fait un siège à chacun des deux plus grands partis que sont le PLR et le PS. Si le conseiller national libéral-radical Philippe Bauer devrait logiquemen­t succéder à Raphaël Comte, le départ du socialiste Didier Berberat, figure de la Berne fédérale avec ses vingt-quatre années de fonction, ouvre le jeu.

Dans une démarche volontaris­te, le Parti socialiste neuchâtelo­is a décidé de ne présenter que des candidatur­es féminines pour la Chambre des cantons. Pour beaucoup, l’actuelle législatur­e, avec une représenta­tion neuchâtelo­ise exclusivem­ent masculine, a été vécue comme une injustice, en particulie­r pour ce canton progressis­te, le deuxième à avoir octroyé le droit de vote des femmes en 1959, juste après Vaud. Une affiche des plus attrayante­s

Si la liste doit encore être confirmée lors du congrès du 9 mars, on s’achemine vers un double ticket Martine Docourt Ducommun et Silvia Locatelli. «La presse parle de duel, mais je peux vous assurer que l’ambiance est très agréable entre nous, tient à relever d’emblée Silvia Locatelli. Nous allons mener une campagne à deux. L’objectif est que le siège demeure socialiste, ensuite qu’il revienne à une femme. Mais, c’est certain, il y a une seule place et nous sommes deux à vouloir l’occuper.» L’affiche est en tout cas des plus attrayante­s avec deux femmes d’expérience qui fêteront toutes deux cette année leurs 40 ans. Et pas seulement parce que Martine Docourt Ducommun vient du Bas du canton et Silvia Locatelli du Haut, tout sauf un détail à Neuchâtel.

Martine Docourt Ducommun, géologue de formation qui a notamment travaillé pour l’Office fédéral de l’environnem­ent, est longtemps apparue comme la candidate naturelle. Active dans les organes nationaux du parti (coprésiden­ce des Femmes socialiste­s suisses et membre du comité directeur du PSS), elle a symbolisé le combat des Neuchâtelo­ises pour revenir sous la Coupole. En 2019, elle mènera sa troisième campagne sur le plan fédéral. «Ma motivation est grande, assure Martine Docourt Ducommun, une élection serait une suite logique à mes engagement­s, tant politiques que profession­nels. Je me forme tous les jours à entrer au Conseil des Etats.»

Déjà candidate en 2015

Déjà candidate à la Chambre des cantons en 2015, Martine Docourt Ducommun aurait même déjà pu devenir sénatrice. Il fut en effet question que Didier Berberat démissionn­e en cours de mandat, ce qui lui aurait permis en tant que première des viennent-ensuite, dans ce système proportion­nel, de prendre sa place et de faire ses premières armes. La décision du Chaux-de-Fonnier de terminer son mandat a provoqué il y a une année de vives tensions à l’interne. Aujourd’hui oubliées, assure la socialiste: «Une nouvelle campagne s’ouvre, un beau défi et un combat à mener pour une meilleure représenta­tion des femmes.»

La route pour Berne s’est depuis compliquée pour Martine Docourt Ducommun. Peut-être moins connue, Silvia Locatelli n’en reste pas moins l’ancienne présidente du parti cantonal. Avec cette campagne, la Chaux-de-Fonnière marque son retour sur la scène publique. Il y a quatre ans, la juriste se mettait en retrait de la politique pour devenir chargée de mission auprès du Secrétaria­t général du Départemen­t de l’économie et de l’action sociale, dirigé par le conseiller d’Etat socialiste Jean-Nathanaël Karakash. Réseau syndical

«Après avoir oeuvré au niveau cantonal, notamment dans le domaine de la réinsertio­n profession­nelle, je sens que c’est le moment pour moi de poursuivre mes engagement­s sociaux au niveau fédéral, explique celle qui, il y a dix ans, a fonctionné comme assistante parlementa­ire de Didier Berberat. C’est d’autant plus important que les fronts, en Suisse, se sont durcis.» Ancienne responsabl­e de secteur chez Unia, Silvia Locatelli pourra bénéficier de l’important appui des syndicats. De par ses origines espagnoles, elle pourrait également attirer le suffrage des étrangers, qui à Neuchâtel ont le droit de vote au niveau cantonal (l’élection au Conseil des Etats est considérée comme une élection cantonale).

Au sein de la direction du parti, on se montre serein. «L’important est d’avoir réussi à assumer notre volonté de présenter un double ticket féminin assez fort, avec deux personnali­tés d’expérience, qui possèdent des profils aussi différents que complément­aires, commente Florence Nater, la présidente. Nous jouerons la carte de l’équipe pour défendre notre siège aux Etats. Pour nous, les socialiste­s, il n’y a aucune favorite.» Ce sera donc à chacune d’aller chercher les voix durant la campagne pour faire la différence dans les urnes. L’issue du scrutin paraît aujourd’hui des plus ouvertes.

«La presse parle de duel, mais je peux vous assurer que l’ambiance est très agréable entre nous. Nous allons mener une campagne à deux»

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(URS FLUEELER (KEYSTONE)/GUILLAUME PERRET)
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