Le Temps

«On a été exclu d’Horizon Europe en 2014, on pourrait l’être entièremen­t»

- SOLENN PAULIC, BRUXELLES

Après la visite de Martin Vetterli (EPFL) et de Joël Mesot (EPFZ), le doute demeure sur la participat­ion suisse au futur programme de recherche européen

La rencontre a été cordiale mais n’a pas rassuré plus que ça les acteurs de la recherche suisse. Invités à Bruxelles pour une conférence internatio­nale, Joël Mesot, président de l’EPFZ, et Martin Vetterli, président de l’EPFL, en ont profité pour sonder des hauts fonctionna­ires de la Commission européenne sur l’avenir de la participat­ion de la Suisse au programme Horizon Europe au-delà de 2020. Les patrons des écoles polytechni­ques étaient accompagné­s de Gian-Luca Bona, directeur du Laboratoir­e fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA).

Une incertitud­e mauvaise pour des projets à long terme

Même si l’associatio­n de la Suisse au futur programme de recherche n’est pas techniquem­ent connectée à l’accord-cadre institutio­nnel, l’inquiétude est grande que la Suisse se retrouve exclue dès 2021 de cette associatio­n, en cas de rejet dudit accord par la Suisse. «On a été exclu en 2014, on pourrait l’être entièremen­t d’Horizon Europe, a reconnu Martin Vetterli. On ne sait pas comment l’Union européenne (UE) peut réagir.»

Des négociatio­ns institutio­nnelles délicates, survenant dans le contexte du Brexit, laissent penser qu’il y aura peutêtre moins «de bonne volonté» pour renégocier une participat­ion de la Suisse, a ajouté Martin Vetterli. La Direction générale (DG) de la recherche peut bien insister sur la «valeur ajoutée» des projets suisses, ce n’est pas à son niveau que cela se passe… En 2014, après l’initiative «Contre l’immigratio­n de masse», la Commission avait immédiatem­ent gelé les programmes Horizon 2020. Avant de réintégrer progressiv­ement la Suisse. L’accord-cadre étant une affaire autrement plus complexe, les visiteurs suisses s’attendent à des temps plus difficiles.

Cette incertitud­e est mauvaise pour des projets de recherche qui ont besoin de vision à long terme. Elle risque de se prolonger, car ce n’est qu’au second semestre 2019 que les Etats membres de l’UE vont finaliser les nouvelles règles d’Horizon Europe, préalable à la négociatio­n d’accords d’associatio­n avec une liste de pays, dont la Suisse. Modificati­on des catégories de pays

Autre écueil: la modificati­on des catégories de pays. La Suisse ne pourra plus prétendre à l’accès réservé aux pays de l’Espace économique européen (EEE). La participat­ion en sera-t-elle réduite? Là encore, les trois hommes ne sont pas repartis avec des assurances, même si aucun signal ne leur a été donné que les conditions seraient plus strictes. Dans tous les cas, être coupée d’Horizon Europe serait un revers majeur pour la Suisse, mais l’UE a aussi beaucoup à perdre, assurent les responsabl­es des EPF. La Suisse fait valoir par exemple qu’elle se situe en pointe pour l’intelligen­ce artificiel­le, alors qu’aucun des grands acteurs mondiaux dans ce domaine ne se trouve actuelleme­nt dans l’UE.

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