«Ajouter du bâti à une nature déjà belle, c’est un défi»
Inès Lamunière s’est penchée sur plusieurs cas de stations de ski, notamment Verbier
Assiste-t-on à un nouvel élan architectural en
altitude? Il s'agit d'une deuxième vague. La première date des années 70, en pleine industrialisation du ski, notamment à Verbier, avec la station de départ des Ruinettes représentative du style brutaliste, assez futuriste pour l'époque. L'âge de ces infrastructures, l'évolution des modes de vie en rapport à la montagne, le besoin augmenté de confort et une réflexion de mise en valeur des stations à l'année avec des commerces, restaurants, crèches, voire des espaces de travail, motivent une nouvelle génération de petits hubs agréables. Les cabanes d'altitude sont dans le même processus. En quoi ces objets sont-ils intéressants pour les architectes? Ils sont des prises de risque, parce qu'ils confrontent leurs auteurs à un paysage naturel reconnu comme beau. Y ajouter un élément bâti est un défi, d'où la diversité des réponses apportées. Actuellement, on observe soit des stratégies intéressantes de dissimulation ou, à l'inverse, des gestes forts. Il n'y a pas une solution idéale, tout dépend des programmes et des lieux. Quels sont les exemples qui sortent du lot? Les Norvégiens ou les Suédois ont beaucoup à nous apprendre sur le thème de l'architecture dans le paysage. Ils travaillent sur des notions de confort, de compréhension du climat environnant à la fois hostile et merveilleux. Dans les Alpes, les nouvelles petites gares d'Arosa sont intéressantes.
Ces projets font évoluer l’expérience de la montagne… Oui, d'où l'intérêt d'une diversité d'approches. Parfois, des architectures aux formes emblématiques, pourquoi pas un anneau panoramique autour du Säntis? Ou alors de l'extraordinaire dans le camouflage, voire des propositions plus minimales, moins confortables, qui nous pousseraient à réfléchir sur ce que c'est d'être à 2000 mètres, en ressentant le froid, le vertige. En résumé, des solutions variées qui vont de la bulle climatisée, microcosme maîtrisé, à des choses plus ouvertes et exploratoires.