Une jeune et verte désillusion
Le non est assez sec. Autour de 64% selon les projections de l’institut gfs. bern. Selon les résultats partiels disponibles, tous les cantons devraient refuser l’initiative des Jeunes Verts.
Pas de Röstigraben à l’horizon: si le résultat est assez serré à Genève (52,7% de non), le Valais dit non à 78%, le canton de Vaud a plus de 60%. La proposition consistant à geler les zones à bâtir dans leur état actuel peut avoir davantage séduit les villes, mais sans que cela ait pu inverser la tendance. La ville de Lausanne, par exemple, dit oui de justesse, à 50,9% des voix. C’est aussi le cas de Neuchâtel, Fribourg et La Chaux-de-Fonds. L’initiative des Jeunes Verts arrivait avec une proposition au premier abord simple pour mettre fin à l’étalement urbain, un processus que la loi sur l’aménagement du territoire en vigueur, la LAT, s’efforce de contenir, sans prétendre le condamner: compenser toute nouvelle zone à bâtir par la remise en zone non constructible d’une surface équivalente.
Cette votation est survenue après plusieurs scrutins retentissants sur le territoire, qui ont démontré une sensibilité réelle au sein de la population pour la problématique de l’étalement des constructions, et des changements qui y sont liés dans notre mode de vie et nos paysages. Faut-il rappeler que les Suisses ont dit oui à l’initiative de Franz Weber sur les résidences secondaires? En 2013, il y a moins de six ans, les électeurs ont accepté par 63% la nouvelle LAT, à l’issue d’une campagne animée où les milieux économiques, qui s’étaient engagés contre la réforme, ont perdu.
Ces scrutins étaient sans doute trop proches et le message populaire déjà donné suffisamment clair pour ne pas revenir sur le sujet. On en veut pour preuve que, cette fois, la campagne n’a jamais vraiment pris.
Il ne faut pas lire à notre sens dans le vote de dimanche de l’indifférence face à cette problématique, mais bien de la confiance face à la manière dont les autorités gèrent le territoire, avec les instruments offerts depuis peu par la nouvelle LAT. Il était bien trop tôt pour proclamer l’échec de celle-ci et pour accepter le véritable changement de paradigme qui était proposé: remplacer une solution évolutive et fédéraliste par une solution centraliste et absolue dont la mise en oeuvre n’aurait pas manqué de créer de grandes difficultés.
Pour autant, le débat que les Suisses mènent au sujet de leur petit et précieux territoire habitable est loin d’être terminé. Une nouvelle révision de la LAT est en cours, qui porte sur les constructions en zone agricole. Il s’agira, tout en s’orientant vers des solutions pragmatiques, d’éviter que le régime adopté, sur lequel les cantons espèrent garder une large marge de manoeuvre, n’ait pour effet de favoriser sournoisement le mitage que la loi cherche à combattre, au lieu de préserver le paysage rural.
Cette fois, la campagne n’a jamais vraiment pris