L’Irak et l’ADN du CICR
Dans l’Opinion publiée sous le titre «Etendre le mandat du CICR pour reconstruire l’Irak» (LT du 05.02.2019), le conseiller national Claude Béglé préconise «l’extension du mandat du CICR et le recours au secteur privé» afin d’aider l’Irak. Un communiqué de presse du WEF du 18 janvier 2019 annonce que les présidents du WEF et du CICR ainsi que la CEO de la Banque mondiale ont lancé une initiative humanitaire conjointe visant à investir de nouveaux capitaux privés dans des «contextes fragiles», définition qu’attribue dorénavant le CICR aux pays en guerre, dont l’Irak. Cette initiative réunit des représentants de gouvernements ainsi que la Commission européenne avec des agences spécialisées des Nations unies, des investisseurs privés et des entreprises privées. M. Béglé a interpellé le Conseil fédéral le 14 décembre 2018 pour suggérer un partenariat des acteurs de l’aide humanitaire avec le secteur privé, précisant: «Cela pourrait impliquer de diluer un peu leur ADN et de nouer des partenariats. De tels partenariats (par exemple entre le CICR et la Banque mondiale) impliqueraient des concessions de part et d’autre, afin de trouver un terrain d’entente», souligne-t-il dans cette interpellation. Comment est-il possible d’envisager une manipulation génétique du CICR altérant l’identité fondamentale de cette organisation au bénéfice de l’économie privée? La philanthropie actuelle du secteur privé en faveur du CICR, de par les intérêts qu’elle représente, ne peut contribuer à la mise en oeuvre d’une action de protection en faveur de détenus politiques dans des pays où ces partenaires économiques stratégiques du CICR ont des intérêts considérables. Des primes d’assurance couvrant les risques pesant sur les investissements privés financés par des fonds publics ne peuvent que satisfaire des partenaires économiques du CICR tels que SwissRe et Zurich Assurances, cette dernière étant représentée au sein de l’assemblée du CICR par l’un des membres de son conseil d’administration. L’aide publique suffira à couvrir les besoins du CICR le jour où les puissants acteurs de l’économie seront soumis à une fiscalité équitable. L’indépendance du CICR est à ce prix!
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